écrit en collaboration avec Lionel Rouillon, secrétaire national de la GMR.
La présentation du budget 2013 a donné lieu à une vive polémique sur le sujet des auto-entrepreneurs. Convaincus que c’est par l’entreprise et l’innovation que nous retrouverons la croissance, nous y sommes sensibles.
De quoi parle-t-on ?
Entrée en vigueur le 1er janvier 2009, le régime de l’auto-entrepreneur procède d’une idée simple : Le cadre normal de l’entreprise constitue, par sa lourdeur, une barrière à l’initiative qu’il convient de baisser temporairement pour laisser l’auto-entrepreneur démarrer. Sa réussite conduira naturellement à le ramener dans le régime de droit commun.
Une idée simple donc, dont on attendait une stimulation du nombre de créations d’entreprises, une libération de la volonté d’entreprendre et un coup de pouce à la croissance.
Or, l’effet global, reste éloigné tant, de l’intention initiale, que du portrait au vitriol que veulent en dresser certains.
Fin Mai 2012, le pays comptait 801.000 auto-entrepreneurs déclarés, mais dont 350.000 seulement sont actifs et génèrent un chiffre d’affaire, aussi modeste soit-il. Chiffre d’ailleurs en léger fléchissement depuis mi 2011. Parallèlement, depuis la création du régime, le chiffre d’affaire moyen reste stable, oscillant entre 1.040€ et 1.300€ mensuel. En résumé, selon l’INSEE, le public bénéficiaire n’est pas celui qui s’oriente vers la création d’entreprise, mais majoritairement des personnes déjà salariées qui cherchent à se générer un revenu d’appoint. On très loin de l’image d’une classe de nouveaux entrepreneurs en cours de gestation.
De même, au plan macro-économique, le volume d’affaires des auto-entrepreneurs s’élève à environ 5 milliards d’euros annuels, pour 2.000 milliards de Produit Intérieur Brut (PIB) en France. Soit une part de 0,25%, étant entendu qu’une partie de ce volume d’affaires est de toute façon réalisée au détriment d’entreprises classiques. L’impact final sur la croissance que génèrerait une augmentation – même significative – de leur volume d’affaire friserait donc le zéro.
Pas d’armée de futurs développeurs d’entreprise en marche, pas d’impact visible sur la croissance, mais en revanche – pour la droite – un vrai marqueur idéologique de l’esprit d’entreprise soufflant dans notre pays. Un marqueur en trompe l’œil donc !
Parallèlement, on peut comprendre qu’au plan local ou individuel, un artisan ou un consultant organisé en SARL voit comme une injustice le fait que certains de ses clients le quittent au profit d’un auto-entrepreneur au régime fiscal et social plus avantageux. Un rééquilibrage, s’imposait donc.
Notons par ailleurs, que la polémique déclenchée par la droite lui permet d’occulter une autre question essentielle qui tient en une phrase : comment accompagner les idées neuves et l’envie d’entreprendre qui existent en France jusqu’à la création et au développement d’activités pérennes ? De toute évidence un énième régime juridique, fut-il dérogatoire, n’y suffit pas. En effet, la création et le développement d’une entreprise sont un vrai métier et peu, voire rien n’a été fait depuis de nombreuses années pour mieux accompagner et financer le développement des jeunes pousses.
Nous restons donc sur notre faim et attendons des réponses innovantes et efficaces du Gouvernement.