Je pense, contrairement à ce que tous les sondages cherchent à nous démontrer, que Nikolas Sarközy peut gagner l’élection présidentielle.
Et je crois que cette photo le démontre.
Ce que nous apprend cette photo du début de mandat, ce n’est pas que Sarközy soit petit. Ca tout le monde le sait et le savait…et la question de sa taille n’a pour moi aucune importance. Même si, comparé à Bush, je n’imaginais pas avant de voir cette photo qu’il puisse ne lui arriver qu’aux oreille en étant juché sur une boîte d’au moins 20 cm de haut.
Non, ce que signifie cette photo c’est que la question de sa taille est importante pour lui, Sarkozy. Et elle est importante pour lui, parce qu’il sait que les questions d’image sont déterminantes. Qu’il sait que ce qui importe aux “gens”, c’est l’image qu’ils se font d’un président.
Au passage, on remarque que dans la novlangue médiatique, “les gens” a récemment remplacé “les vrais gens”. On parle aussi du “peuple” à tout bout de champ parce que le “classe moyenne” testé par Wauquiez n’a pas vraiment fonctionné.
Certains pensent qu’avec le Fouquet’s et la croisière sur le yacht de Bolloré, Sarközy a perdu la bataille de l’image. Je suis loin d’en être persuadé.
Est ce que la posture du “candidat normal” prise par François Hollande (qui a quand même pris soin de perdre 20 kg, de changer de coiffure et de lunettes avant la campagne) est celle qui saura séduire ? Je n’en suis pas sûr.
Sarközy, marié 3 fois adopte délibérément le look “people”. C’est le look adopté non seulement par les artistes et le “peuple des media”, mais par toutes les têtes couronnées du monde. C’est le look supposé faire rêver les lecteurs de Voici, Gala, point de vue etc… C’est le look des Nikos et autres animateurs de la télé-réalité. C’est le triste paradigme que se fixent les spectateurs. Quand Séguéla dit “si tu as pas une Rolex à 40 ans, c’est que tu n’as pas réussi ta vie”, il reflète une vision actuelle de l’ascencion sociale dans la société du paraître.
Sarkozy a épousé la catalane Cécilia qui s’est, au moins une fois, vantée explicitement “de ne pas avoir une goutte de sang français”, et Carla Bruni qui s’est (plusieurs fois) vantée d’être polygame. Un président de la France hobereau hongrois par son père (Pal Sarközy von Nagy Bocsà) et “juif de Salonique” (dixit NS) par sa mère, qui par deux fois ne trouve pas de Française à épouser, ça ne choque ni la France ni les Français. Que le corps de Carla Bruni s’étale à longueur de pages de web, ça ne choque pas non plus.
La très sérieuse chambre nationale des notaires vient de commanditer une étude sur la famille de laquelle il ressort que l’opinion moyenne est très émancipée des valeurs encore dominantes il y a peu. La France a bougé.
A une droite traditionnelle et conservatrice se surajoute une droite libérale et moderniste. Et ceci n’est pas que l’actualisation de la vieille histoire des deux droites françaises : le capital industriel et le capital financier, la légitimiste et l’orléaniste, la gaulliste et la giscardienne.
Ce qui est notamment nouveau, c’est qu’à côté la gauche n’est plus porteuse de modernité. Ce qui a mobilisé pendant des décennies tant d’hommes et de femmes, l’espoir de “lendemains qui chantent”, n’est plus. On est passé d’une gauche qui disait “ça sera mieux demain” à une gauche qui dit “c’était mieux hier”. Et ce n’est pas un détail.
Laurent Bouvet analyse par ailleurs très bien dans “le sens du peuple” comment la gauche a abandonné son positionnement social populaire pour se “bo-boïser”. C’est vrai, mais en plus elle l’a fait sans se moderniser et permettre l’identification dans un homme nouveau.
De ce point de vue, Nikolas Sarközy est à l’évidence celui des candidats qui a le mieux intégré l’esprit (décadent) des temps. La droite conservatrice et traditionnelle n’a plus dedirigeant politique crédible. Achetés, torpillés, paralysés (Fillon), pendus à un croc de boucher (Villepin), ils imposent à leur électorat le vote Sarközy. Lui reste à faire la synthèse, qu’il saura très bien faire entre modernité et conservatisme.
François Hollande, “le candidat normal” veut faire passer l’image du président d’un autre âge, qu’on peut regretter, mais qui n’est plus. C’est la figure que voulait incarner De Gaulle et qu’a si bien interprétée Gabin dans le Prsésient d’Henri Verneuil.
Mais, “les gens” ont-ils encore envie d’un président à la Gabin ? C’est toute la question qui se pose. En faisant un éloge remarqué du certes corrézien Henri Queuille, président du Conseil de la IV° République au tout début des années 50, François Hollande nous laisse croire qu’il pense que oui.
Je crois qu’il se trompe.