Clément Méric est mort à 18 ans.
C’est triste, c’est horrible. Rien ne peut le justifier. Comme rien ne peut justifier la mort de n’importe quel adolescent.
Ayons donc une pensée pour lui et son entourage.
Clément Méric était membre du groupe “antifa”, qualifié par beaucoup comme “d’extrême gauche”. Avec quelques amis, il a pris à partie quelques jeunes gens de l’ultra droite. La castagne a donné l’avantage aux skin de droite. Une vie s’envole.
Rendons à Clément Méric le respect que l’on lui doit et ne le traitons pas comme un enfant :
– Les parents apprennent toujours à leurs enfants dans les cours de récré que c’est mal de s’attaquer à plus faible, que c’est lâche. Dans la vraie vie, c’est pourtant l’inverse. Il faut être un âne bâté pour s’attaquer à plus fort. Tout “l’art de la guerre” (Sun Tsé, Trotsky, Mao, Giap…) consiste justement à ne s’attaquer qu’à plus faible pour se donner des chances de victoire. Les jeunes gens d’antifa ont pris à partie plus fort qu’eux. Erreur lamentable. Romantisme. Eh oui, SA, SS, JN, JNR ne jouent pas aux chevaliers…
– Antifa n’est pas une organisation “d’extrême gauche” comme le sont les composantes du front de Gauche, le NPA, Lutte Ouvrière, les anarchistes etc… C’est encore moins une vague organisation démocratique et antifasciste comme son nom pourrait le laisser penser, rien à voir avec un SOS Racisme relooké 2010s..
– Antifa est une organisation de combat :
Aux discussions politiques, aux argumentations interminables, elle préfère “l’action directe” et le coup de poing. reprenant le crédo des Daniel BenSaïd et Henri Weber du début des années 70, Antifa pense qu’il y a un danger fasciste et que le fascisme tourne en eau de boudin si on lui rend coup pour coup et que la peur physique change de camp.
Lire à cet égard cet excellent article en cliquant sur le lien
Antifa cherche le baston et ne se préoccupe pas de nuances quant à son analyse de la société et aux réponses à y apporter.
Son slogan phare :
“un flic, une balle, justice sociale !”
repris dans la petite manif du 7 juin en hommage à Clément Méric : “mort aux fachos ; un flic, une balle, justice sociale”
Tuer les fachos, tuer les flics, et le bonheur sur terre adviendra.
le document suivant, un peu long, est également intéressant :
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– Non l’ultra gauche, n’est pas la gauche juste un peu jeune et impatiente. Henri Weber, dans un article qu’il a signé récemment, a tort de ne pas voir la rupture radicale qui existe entre l’arc démocratique et l’ultra gauche qui se veut elle-même le pendant symétrique de l’ultra droite.
– Faut-il dissoudre les groupes de l’ultra-droite ? C’est évidemment une ineptie à la mode Sarkozy : montrer ses petits bras musclés pour une mesure sans efficacité. Dissoudre des groupes microscopiques n’a strictement aucun effet.
– Déjà, la dissolution de la Ligue Communiste et d’Ordre Nouveau en 1973 – organisations pourtant beaucoup plus conséquentes – avait été sans effet. La “Ligue” s’était mutée en Front communiste révolutionnaire avant de devenir la LCR. Ordre Nouveau se transformera en PFN (parti des forces nouvelles).
– C’est dire que la question n’est pas la dissolution des JNR et/ou autres Vs la dissolution symétrique de groupes de l’ultra droite et de l’ultra gauche.
– Il est nécessaire, comme en Allemagne avec les néo-nazis, d’avoir un contrôle policier proche et permanent.
– Il est nécessaire que la Gauche ne se trompe pas. A croire que “les ennemis de mes ennemis sont mes amis”, on commet de graves erreurs. Il n’y a pas de danger fasciste dans ce pays aujourd’hui. Il n’y a aucune légitimité au recours à la violence collective ou individuelle pour de soi-disant motifs politiques.
Un jeune homme de 18 ans est mort. C’est triste. Mais celles et ceux qui ont contribué à l’entraîner dans l’impasse de l’ultra gauche portent sans doute autant de responsabilité que les soudards de l’ultra droite qui l’ont frappé.