Après l’intervention de François Hollande :

Il faut mettre les institutions en conformité avec la pratique institutionnelle !

A quoi sert le premier ministre ?

C’est la question que l’on peut se poser après l’intervention télévisée de François Hollande. C’est la même que l’on a pu se poser tout au long du quinquennat de Nicolas Sarkozy.

“L’hyper-président” Sarkozy, conformément à son tempérament, occupait tout l’espace politique, reléguant le premier ministre au rang de “collaborateur”. Ce faisant, il transformait dans les faits l’esprit des institutions de la V° république, qui distinguent clairement les attributions des deux têtes de “l’exécutif bicéphale”, cette spécificité française.

En demandant que le Président puisse s’exprimer devant le Parlement, et non plus seulement le premier ministre, il franchissait un pas supplémentaire. A quoi sert le premier ministre ? En conservant F. Fillon pendant tout le quinquennat, N. Sarkozy donnait un peu plus de stabilité politique au pays -qui en a besoin- mais renforçait également le fait  que ce n’est pas le premier ministre qui conduit la politique, qu’il n’est pas besoin de le changer en cours de quinquennat, parce que la politique se définit à l’Elysée.

D’aucuns ont pensé qu’il s’agissait là d’une situation particulière, liée aux deux personnes et à leur inimitié bien connue. Il n’en est rien.

François Hollande, sans l’avoir prévu, l’a également démontré lors de son interview par David Pujadas : rendant compte de tous les aspects de la politique gouvernementale, il endossait le costume d’un premier ministre conséquent. Il ne parvenait pas à prendre  la stature présidentielle, à prendre la hauteur nécessaire pour mettre en perspective la situation dans laquelle se trouve le pays et les directions qu’il entend lui faire prendre.

Pas une fois il n’a cité le nom ni la fonction du premier ministre.

L’hyper président et son collaborateur, le président normal et son premier ministre  absent, reproduisent le même schéma : l’exécutif français n’est plus bicéphale. le président préside ET gouverne. Les arbitrages interministériels ne se font plus à Matignon mais à l’Elysée. Nous connaissons une évolution constitutionnelle inédite : la révision rampante.

Le quinquennat a changé la donne :

Le quinquennat et la séquence présidentielle/législatives ont modifié considérablement la pratique politique. La responsabilité du gouvernement devant le parlement n’est plus qu’une fiction. Le gouvernement est responsable devant le Président. De ce fait, le premier ministre n’a plus qu’un rôle mineur de coordination. Le fonctionnement de l’exécutif se rapproche inexorablement de celui qui existe aux Etats Unis, où, comme en France, le surdéterminant et le garant de la stabilité politique est l’élection présidentielle.

Ne serait-il pas temps de mettre le droit en accord avec les faits et d’en profiter pour moderniser la représentation politique ?

La suppression du premier ministre et de la responsabilité du gouvernement devant le parlement permettrait d’avancer résolument vers l’élection à la proportionnelle des députés, puisque la stabilité et la continuité politiques sont garantis par l”exécutif.

Les deux partis majoritaires confisquent les 3/4 de la représentation nationale alors qu’à eux deux ils ne réunissent que moins de 50 % des suffrages au premier tour. Comment s’étonner que les Français se détournent du politique, s’en méfient et lui prêtent toutes les turpitudes ?

Un peu de courage, sur ce sujet comme sur tant d’autres…

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