St Valéry en Caux en 1696, analyse du rôle de la taille

Saint-Valéry en Caux en 1696


A partir du rôle de la taille de 1696
(côte ADSM : C 1910)

Dominique LOSAY

(avril 2002)

Sommaire :

  1. Introduction
  2. L’organisation de la taille en Normandie :
    • A – organisation administrative
    • B – qui paye la taille ?
  3. Les noms des familles de Saint-Valery :
    • A – Patronymes
    • B – Prénoms
    • C – Surnoms
  4. Métiers :
    • A – Définitions
    • B – Groupes de métiers
  5. Niveaux d’imposition :
    • A – pression fiscale d’ensemble
    • B la bourgeoisie locale
    • C – situation des groupes professionnels
  6. 6 – Table alphabétique du rôle de taille de 1696

– 1 – Introduction

Le travail qui est présenté ici a été réalisé à partir du dépouillement du rôle de la taille de la
aroisse de Saint-Valery en Caux pour l’année 1696, rôle conservé aux archives
épartementales de la Seine-Maritime, sous la côte C 1910.

Les rôles de taille nous donnent une espèce de radiographie fiscale d’une paroisse pour une
née donnée.

Le nombre de foyers fiscaux ( de feux) nous donne une indication du nombre d’habitants de la
paroisse. Empiriquement, il apparaît qu’en multipliant le nombre de feux par 4 ou 5 on obtient
pproximativement le nombre d’habitants. pour Saint-Valery, avec environ 900 feux, on
obtient ainsi quelque 4000 habitants à la fin du XVII° siècle, ce qui, recoupé avec d’autres
ources, semble assez plausible.

L’objectif que j’ai poursuivi en dépouillant ce document fiscal et en en tirant les informations
eproduites et commentées dans cette brochure, est de contribuer à une meilleure
nnaissance des familles et, plus généralement, de la population du pays de Caux à la fin du
VII° siècle.

Nous trouvons, en effet, des points de comparaison intéressants sur la pression fiscale des
ifférentes paroisses, sur les professions exercées et leur statut social extrapolé de leur niveau
‘imposition. Les données collectées reflètent en effet certains critères de standard de vie,
insi que ce qui semblait important aux collecteurs comme critères discriminants quant aux
evenus.

Dans les villages spécifiquement ruraux, on compte le nombre de charrues, de chevaux, de
aches, qui ne sont qu’exceptionnellement supérieurs à une ou deux unités. Ceci n’apparaît
as à Saint-Valery.
Le nombre d’acres est également un critère important. On estime usuellement l’acre normand
\x{0153} hectare. Je ne résiste cependant pas à retranscrire la définition du dictionnaire
Furetière » de 1690
« acre s. m. Mesure de terre qui se dit particulièrement en Normandie, qui contient 160.
erches. L’acre du bois est de 4. vergées, la vergée de 40. perches, la perche de 24. pieds, le
ed de 24. pouces, & le pouce de 12. lignes : mais tout cela diffère selon les lieux.
Dans un Registre de la Chambre des Comptes il est dit, que l’acre contient quatre vergées,
ont il en faut deux pour l’arpent ; qu’une vergée contient quarante perches de terre, &
haque perche contient 24. semelles de pied. Chez les Anglais un acre contient 16. perches
en longueur, & autant en largeur. »

L’imposition est libellée dans la monnaie de l’époque, en livres, sous (sols) et deniers. Il faut
sols pour faire une livre et 12 deniers pour faire un sol. Outre les indigents exemptés,
ne large fraction de la population ne paye qu’entre 10 sols et 2 livres. On peut visiblement
considérer qu’à partir de 10 livres de taille, on a affaire à quelqu’un qui n’était pas dans la
auvreté. Autour de 40 à 50 livres environ, on est déjà dans la catégorie des « gros »
ontribuables de la paroisses. Ceux qui payent 100 livres et plus sont la toute petite
exception.

Naturellement, c’est la mise en perspective de ce travail avec d’autres sources qui en fera
l’utilité. Pour Saint-Valery en Caux, je pense notamment au dépouillement systématique des
aptêmes et sépultures réalisé par Monsieur Kléber Orange. La destruction de la plupart des
ources directes d’histoire locale en 1940 impose, en effet, des recoupements indispensables
aux généalogistes comme aux historiens des familles qui s’intéressent à ce petit port. Les
egistres paroissiaux disponibles aujourd’hui ne commençant par ailleurs qu’en 1693, l’examen
u rôle de taille peut s’avérer un complément intéressant.

Plus largement, en ayant déjà réalisé des dépouillements analogues de rôles de taille de plus
‘une vingtaine de paroisses de l’arrière-pays cauchois, je constate que nous pouvons avoir
galement là un instrument utile à tous ceux, chercheurs et même étudiants, qui s’intéressent
la structuration sociale et au mode de vie de cette époque dans notre région

Paris, le 20 avril 2002,

Dominique Losay

– 2 – L’organisation de la taille en Normandie

– A – Organisation administrative

La taille est l’un des différents impôts directs de l’ancien régime. On peut y rajouter le
ingtième, le dîme, la capitation. La gabelle sur le sel qui devrait être un impôt indirect est, de
ait, également un impôt direct.

L’origine du mot « taille » n’est pas clairement établie, même si la plupart du temps on le fait
river de l’entaille que comptables et commerçants faisaient sur une règle de bois ou un
ton pour prendre note du paiement effectué par leurs clients.

La taille est perçue par foyer fiscal en fonction de l’appréciation des revenus du contribuable
ite par les collecteurs de chaque paroisse. Cet impôt est presque généralisé sur l ‘ensemble
u territoire (sauf en Bretagne), à l’exception de quelques villes franches de taille qui
ompensaient en général ce manque à gagner pour le trésor par un impôt indirect.

Parmi les grandes villes de Haute Normandie franches de taille, citons :

– Rouen et ses environs (29 paroisses en 1683)

– Dieppe : par lettres patentes de 1463, le roi s’était engagé à n’y jamais lever « tailles,
mpositions, gabelles, quatriesmes et autres subsides quelconques »

– Le Havre : exempt dès sa fondation pour favoriser son développement
Cependant, ces trois villes étaient en contrepartie soumises à des taxes dites
extraordinaires » qui furent soit directes, soit indirectes (« octroi » ou « tarif »). Seul Yvetôt
e payait rien !

Comme cas le plus curieux de privilège fiscal, citons en effet la « principauté » d’Yvetôt qui
st exempte de taille, en fonction de privilèges consacrés en 1450 : « toutes lois qu’il a pleu
roy nostre seigneur imposer aucune ayde ou taille en son royaume, seigneurie ou
territoire, ils n’ont jamais eu aucun cours en icelle terre et seigneurie d’Yvetot, mais en a
toujours esté exempte ». Au XVII° siècle, cette principauté se résume aux seuls villages
‘Yvetôt lui-même, de Saint Clair sur les monts et Sainte Marie des Champs.

Au contraire de ce que nous connaissons à notre époque, il n’y avait pas d’incertitude fiscale
niveau de l’Etat, avec son lot de mauvaises surprises, comme de « cagnottes ». Avec la
taille, en effet, le montant de l’impôt n’est pas remontant , c’est à dire le produit d’un niveau de
ession fiscale appliqué à chaque contribuable.

La pression fiscale est « descendante » : Le Roi fixe en son conseil, chaque année, le « brevet
e taille », c’est à dire le montant global de celle-ci au plan national. La taille est ensuite
épartie entre les Généralités, c’est à dire les Provinces. Puis, elle est à nouveau subdivisée
ntre les Elections (échelon administratif que nous pourrions rapprocher de nos
rrondissements), puis entre les paroisses. Enfin, les contrôleurs de la taille répartissent cet
pôt entre les contribuables.

En 1450, existent 4 Généralités dans le royaume, dont une est la Normandie.
En 1542, La Normandie est divisée en deux Généralités : Haute-Normandie (Rouen) et Basse-
ormandie (Caen).

En 1636 est créée la Généralité d’Alençon.
En 1661, existent ainsi dans le royaume 18 Généralités dont 3 en Normandie.

Nous avons donc là une géographie administrative de la Normandie, qui ne se superpose pas
actement avec le ressort du Parlement de Rouen et de la chambre des comptes, pas plus
d’ailleurs qu’avec la suprématie religieuse des évêchés concernés.
Comme nous l’avons vu, les Généralités sont divisées en « Elections ». En 1636, le découpage
st le suivant :

– La Généralité de Rouen regroupe les Elections de :
Andely, Arques, Caudebec, Chaumont et Magny (en Vexin), Evreux, Gisors, Lyons,
Montivilliers, Neufchatel, Pont Audemer, Pont de l’Arche, Pont l’Evêque, Rouen.
Soit 13 élections comprenant 1893 paroisses
– La Généralité de Caen regroupe les Elections de :
Avranches, Bayeux, Caen, Carentan, Coutances, Mortain, Valognes, Vire et Condé
oit 8 élections comprenant 1223 paroisses
– La Généralité d’Alençon regroupe les élections de :
Alençon, Argentan, Bernay, Conches, Domfront, Falaise, Lisieux, Mortagne, Verneuil
oit 9 élections comprenant 1321 paroisses
B – Qui paye la taille ?

La taille est un impôt direct dont l’unité est le feu et non pas chaque individu. En sont exempts
s nobles, le clergé et les titulaires de certains offices.

L’unité imposable est donc le feu, dont la définition semble à peu près claire et homogène
our cette époque. Si étymologiquement le feu se rapporte à l’âtre et qu’il y a peut être eu
quivalence entre nombre de feux et nombre de maisons, tel n’est pas le cas au XVII° siècle.

Le feu est bien plutôt l’équivalent du foyer fiscal d’aujourd’hui. Ainsi, dans une ville, une
ison, a fortiori divisée en appartements, comprend plusieurs feux. Le feu désigne donc la
mille, c’est à dire « le père, la mère ou celui des deux qui survit à l’autre, et les enfants
ivant avec eux ».

Un feu comprend un ménage, mais seul le chef de famille est inscrit sur le rôle et taillable. Sa
mme, ses enfants, ses serviteurs vivant sous son toit n’y figurent pas.

Cette précision renvoie à la question de l’exemption de la noblesse. Les terres appartenant à
ne famille noble et tenues en fermage par un laboureur roturier généreront une taille pour ce
rnier. Les mêmes terres exploitées par un « serviteur » de la famille noble seront exonérées.
n trouve dans cette situation une clef de compréhension d’arrangements contractuels qui ont
u permettre des contournements fiscaux. De même, l’usurpation de noblesse, sport fort prisé
la bourgeoisie du temps, trouve, outre le prestige, une explication « sonnante et
trébuchante » dans l’exemption fiscale.

L’exemption des ecclésiastiques est théoriquement plafonnée. Ce niveau de plafond a
ependant constamment été modifié. De même, le revenu des dixmes ecclésiastiques n’étaient
as directement taillable ; mais s’il était affermé à des laïques, ceux-ci étaient imposés sur le
rofit qu’ils en tiraient. Par ailleurs, le clergé, comme les nobles, a très souvent argumenté en
aveur de l’exemption de la taille pour ceux qui exploitaient ses terres, devant, selon lui, être
onsidéré comme « serviteurs ». Cependant, pour la période qui nous concerne, il semble que
‘exemption des prêtres ne valait que pour les biens qu’ils faisaient valoir dans une seule
aroisse. C’est sûrement pour cela que l’on trouve, par exemple, un prêtre imposé sur le rôle
e taille de Greuville en 1696.

Sont donc imposés les chefs de famille, à partir de leur majorité. En Normandie, à cette
poque, la majorité « fiscale » est fixée à vingt ans. Sont également imposables les mineurs
ariés.

Les femmes ne sont pas imposables tant qu’elles sont sous la responsabilité de leur père ou
‘elles sont mariées. De ce fait, les veuves sont considérées comme chef de famille et sont
mposables. Elles apparaissent dans l’immense majorité des cas sous le nom de leur mari « la
euve de Nicolas Paulmier » et pas sous leur nom patronymique. C’est cependant le cas de
quelques femmes, majeures, qui soit célibataires soit séparées de biens exercent une activité
ropre.

Il n’y a pas de retraite pour la taille. On est inscrit sur le rôle de taille jusqu’à son décès, quitte
ne plus être imposable. Sous la rubrique « pauvres et invalides », figurent en effet les chefs
e famille (dont beaucoup de veuves) qui sont exemptées pour cette raison.

La question des « serviteurs » est la plus délicate à régler. Si ceux qui vivent sous le même
oit, autour du même feu que leur maître sont réputés appartenir à ce feu et donc ne pas être
aillable en propre, tout le personnel de ferme majeur est taillable. En règle général, son mode
‘habitation, même modeste, est désigné , par exemple « occupe une chambre », « occupe un
our » (le bâtiment agricole non adjacent au corps principal de bâtiment dans lequel se
ouvait le four à pain). C’est ainsi que l’on trouve dans les taillables des batteurs en grange,
es valets de charrue etc On trouve même dans d’autres paroisses des « taillables »
xplicitement désignés comme « serviteurs domestiques ».

L’intégration des serviteurs dans la taille du maître doit donc être plutôt comprise de manière
estrictive. En fait, la quasi totalité de la population non exemptée de droit semble bien être
mposée.

– 3 – Noms des familles de Saint-Valery

– A – Patronymes

Les patronymes présents dans la paroisse sont relativement nombreux et disséminés.
aturellement, des familles de notables existent et elles sont bien connues des historiens
locaux ; elles figurent dans toutes les études et monographies. On y trouve notamment les
asse, les Fauconnet, les Le Corbeiller, les Le Seigneur

Cependant, malgré l’endogamie sociale évidente et le fait qu’à cette époque les familles
ourgeoises avaient fréquemment de très nombreux enfants, ces familles ne sont pas sur-
minantes au point de limiter le nombre de patronymes représentés. Au contraire, ceux-ci
nt très variés, parfois représentés par un seul feu.

Aucun patronyme évidemment « horsain » (étranger en provenance d’une autre région ou d’un
utre pays, Flamand, Anglais par exemple) n’apparaît de prime abord, même dans ceux très
aiblement représentés. Saint-Valery est un port de pêche, qui plus est de petit métier. On n’y
rouve pas le brassage de population qui peut exister à Dieppe ou à Fécamp.

Les patronymes représentés par 10 feux ou plus :
Bachelet, Billard, Becquet, Brasdefer, Fro, Fauconnet, Lefèvre, Maupas, Mulotin, Petit,
aulmier.

Les patronymes représentés par 7, 8 ou 9 feux :
Ango, Anquetil, Burette, Fanouillère, Fouques, (Le) Hot, Lachelier, Lebreton, Lemaistre,
emarchand, Leroux / Lerouge, Monnet / Monnier, Ridel, Vasse.

Les patronymes représentés par 5 ou 6 feux :
Auger, Barre, Benoist, Bernage, Boucoult, Burel, Cauchel, Carpentier, (Le) Corbeiller,
Duboscq, Dupuis, Gainville, Granier, Hanot, Ladiré, Lejeune, Leseigneur, Masurier, Poisson,
ruquetil.

– B – Les prénoms

Les prénoms reflètent, moins hier qu’ aujourd’hui naturellement, une certaine « mode ». La
riode est encore à la plus grande simplicité avec l’usage d’un seul prénom, le plus souvent
roduit d’une dédicace à un « grand » saint.

Ce n’est que plus tard que viendront les prénoms composés. On ne trouve ainsi dans ce rôle de
aille qu’un seul Jean Baptiste !, pourtant assurément le premier prénom composé à être
ouramment employé, en tout cas pour les garçons. Pour les filles, malgré la graphie très
réquente de « Marianne », il semble bien qu’on ait voulu honorer les deux saintes.

Naturellement ici, compte-tenu de la nature même de la taille, on ne prend en compte que les
rénoms masculins, même si quelques très rares femmes sont imposées sous leur propre
rénom et patronyme. Les individus taillables étant au moins âgés de vingt ans et les veuves
tant désignées par le prénom de leur mari, nous avons donc là une physionomie assez
emarquable des prénoms accordés aux enfants mâles à Saint-Valery pendant les deux
remiers tiers du XVII° siècle. Si on ajoute à cela, qu’usuellement les enfants baptisés
ecevaient le prénom de leur parrain, on peut même extrapoler une quasi certitude sur la
emière moitié du XVII° siècle et une approximation sur la fin du XVI° siècle.

On peut particulièrement remarquer la très grande faiblesse de prénoms déjà désuets à cette
poque. On trouve trois Emard, deux Isambard, un Raulin et un Valfran. Tout les autres sont
des prénoms très classiques.

De même, on ne trouve absolument aucun trace de prénom « bibliques » au travers desquels
repère fréquemment une famille protestante ou « nouvelle catholique » comme on disait à
‘époque, c’est à dire ayant abjuré la Réforme récemment, le plus souvent aux alentours de
‘abrogation de l’Edit de Nantes (1685). Ici pas un seul Abraham, Isaac, , comme on en
trouve si souvent à la même époque dans le « Huguenot-land » de l’arrière pays dieppois, à
uneray, Avremesnil, Bacqueville, St Pierre le Viger, etc

Les dédicaces à St Valery existent mais ne sont pas significativement nombreuses. Les
énoms qui dominent sont donc naturellement Jean et Pierre. Nicolas se confirme comme
xtrêmement populaire.

Suit ensuite un groupe de trois prénoms, Jacques, Guillaume et Adrien. On peut surtout
‘étonner de la place du très classique Jacques seulement derrière Nicolas. Guillaume est un
rénom qui périclitera ultérieurement. Sa popularité, même dans les couches les plus
odestes est-elle encore liée au souvenir du duc Guillaume ? Adrian est extrêmement
pulaire, du fait de sa réputation de saint guérisseur, notamment des épidémies de peste.

Ces six prénoms représentent à eux seuls 72 % de la population. On peut constater enfin le
eu de succès de représentation des prénoms Louis et Henri, ceux des rois de France.

– C – Les surnoms

Sur les 903 chefs de famille, 35 sont identifiés non seulement par leur nom et prénom mais
alement par un surnom. Il est possible que j’ai sous-estimé ce nombre, ne conservant que les
urnoms explicitement désignés comme tel, « dit ».

Dans un certain nombre de cas, comme on peut le constater dans la liste alphabétique, le chef
e famille est également désigné en rapport avec son beau-père, « gendre de ». Parmi ceux-
i, il n’est pas toujours loisible de distinguer entre un nom et un surnom. Dans l’incertitude,
j’ai considéré qu’il fallait mieux ne pas considérer qu’il s’agissait d’un surnom.

Cette proportion de surnoms est très particulière. On n’en trouve aucune trace équivalente
ans les rôles de taille de la même période des villages de l’arrière pays. Dans l’état actuel des
hoses, il n’est cependant pas possible de discerner avec certitude, s’il s’agissait là d’une
ratique commune à toute la région, mais seulement retranscrite par le greffier de Saint-
lery, ou s’il s’agissait d’une spécificité, liée par exemple à la prédominance du milieu de la
êche, hypothèse vers laquelle nous penchons.

Malheureusement, pour un grand nombre des porteurs de surnoms, la mention de la
profession n’est pas faite. Cependant, il est clair qu’il s’agit essentiellement de ménages
odestes, où les mariniers et leurs enfants dominent. Parmi les notables, on notera la seule
xception de « la veuve de Guillaume Fauconnet, dite la gentille ».

La plupart des surnoms sont des sobriquets descriptifs, sans qu’il soit possible de déterminer
‘ils visent directement l’individu concerné. Le caractère héréditaire de certains d’entre eux est,
n effet, manifeste. Pour d’autres, le qualificatif est plus abscons.

Voici la liste des porteurs de surnoms :

La veuve de Guillaume Anquetil dit Büe
a veuve d’Adrian Bachelet dit Mon Bon Dieu
François Bachelet dit l’arbalestre
ierre Bénard dit couvret
acques Benoist, dit vieil bled
Pierre Billard, marinier, dit le Bulot
Laurens Bunel, dit Leverd
Jean Cavelan dit L’anguille
Jacques Dubosc dit Moïse
a veuve de Jean Dubosc dit Moïse
ean Duteurtre, tailleur, dit Adam
Pierre Duval, dit la Pierre
La veuve de Guillaume Fauconnet dite la gentille
Jacques Fouques, pauvre, dit le Rompu
Jean Hébert, valet, dit gros os
acques Huin, dit mal au ventre
Nicolas Jourel, dit mon Fleury
Jean Ladiré dit brelette
a veuve d’Adrian Ledun dit Suer
Nicolas Lefèvre, marinier, dit La Coppe
ierre Lefèvre, valet de munier, dit Rosine
icolas Legros dit Patin
La veuve de Jean Lejeune dit Biset
La veuve de Guillaume Lemaistre dit Cahoirt
La veuve de Jean Lemaistre dit Legros
Guillaume Lemarchand, marinier, dit moutaillant
Nicolas Lemarchand, dit moutaillant
Pierre Leteurtre, maçon dit La Foy
ierre Leteurtre fils, tellier, dit La Foy
Jean Maurice, marinier, dit basset
La veuve de Michel Paumier, dit Alargent
Adrian Petit, marinier, dit nacheu
François Petit, marinier, dit nacheu
ean Petit dit Mon Gros
Jacques Véret dit Gaillard

Nota :

Basset : homme de très petite taille
acheu : bougon en patois normand
Moutaille : autre nom de la loche de rivière (poisson). Est ce que « moutaillant » en dérive ?

– 4 – Les métiers

On commencera ici par remarquer avec intérêt la grande variété des professions exercées, qui
ous permet immédiatement d’avoir une vue d’ensemble de l’activité du bourg et port de
int-Valery. On recense, en effet, pas moins de 55 professions citées .

On commencera par une liste alphabétique de définitions de métiers plus ou moins anciens ou
ans le sens est peu connu ou a pu évoluer. Parmi ceux-ci le plus remarquable pour l’activité
tière qui nous concerne est celui de marinier, perçu aujourd’hui comme désignant
pécifiquement la batellerie fluviale.

Or, à l’époque, et ceci est encore corroboré par le Littré, le terme marinier est strictement
ynonyme de marin.

On regroupera ensuite, autant que faire se peut les professions relevées par groupes d’activité,
chant par exemple que la distinction entre une profession plutôt artisanale et une autre
lutôt commerciale n’est pas aisée. C’est ainsi, que c’est avec le plus grand arbitraire que nous
ons placés les telliers (toiliers) réputés confectionner des toiles dans le groupe des artisans .
ans le même temps, nous avons classés les tailleurs d’habits qui les fabriquent pourtant
ns le groupe des commerçants.

Les définitions qui suivent sont tirées, pour l’essentiel, des dictionnaires Furetière (1690, de
‘Académie française (1762) ou du Littré (source : atelier historique de la langue française).
es mentions entre parenthèses et en italique sont des commentaires de mon crû.

– A – Définitions

BASTIER :

Ouvrier qui fait & qui vend des basts de mulets & d’autres bestes de somme. (mais aussi
des brides, des harnais, des selles )

CARBONNIER : charbonnier

CHASSE-MARÉE :
Le voiturier qui apporte la marée. Cheval de chasse-marée.
archand spécialisé dans le transport des poissons et leur vente sur les marchés. Il
mprunte des chemins eux aussi appelés chasse-marée de même que sa voiture elle-
ême)

CLOCHETEUR :

Anciennement, homme qui précédait les convois funèbres tenant à la main une clochette
u’il faisait sonner de temps en temps. Le clocheteur des trépassés.

CLOUTIER :

Ouvrier qui fait des clous.

CORDIER :

Celuy qui fait ou qui vend de la corde. On dit en raillerie, que les Cordiers gagnent leur
vie à reculons.

CORDONNIER :

Ouvrier qui fait des chaussures en cuir, soit souliers, bottes ou pantoufles. Cordonniere,
c’est la femme d’un Cordonnier. Menage derive ce mot de cordoüanier, qui a été fait de
ordoüan, espece de cuir qui vient de Cordouë. D’autres tiennent qu’il vient de corde,
rce qu’autrefois on faisoit des souliers de corde.

COURROYEUR :

Artisan qui courroye les cuirs, qui leur donne la dernière préparation pour les mettre en
uvre, qui les teint, qui les amollit, qui les graisse. (avant de les confier au cordonnier,
ou bourrelier, au sellier)

ÉPICIER :
Celui, celle qui vend des épiceries. Marchand Épicier. Riche Épicier.

FROQUIER :

Fabricant et vendeur de froc, c’est à dire d’étoffe généralement de laine épaisse

HOTTEUR (de harengs) :

Celui ou celle qui porte la hotte. En vendanges le hotteur gagne le double des coupeurs.
Il y a cent hotteurs qui portent tous les jours de la terre dans son jardin.
On appelle Hotteuses ou Porteuses, Les femmes qui se tiennent à la Halle ou dans les
utres Marchés, pour porter dans leurs hottes ce que les particuliers achettent.
en l’occurrence donc, vendent des harengs sans doute en saumure, qu’ils portent sur
leur dos dans une hotte)

JARDINIER :

Qui travaille à cultiver un jardin, qui en vend les fruits & les fleurs. Il y a à Paris un corps,
e maistrise de Jardiniers, des statuts de Jardiniers. le livre du Jardinier François.

MARECHAL (ferrant) :

ou simplement Mareschal, est un Artisan qui ferre les chevaux, & qui les pense quand ils
sont malades. En Espagne ce sont deux mestiers separez : les premiers s’appellent
sterradares ; & les autres Alveytares. On disoit autrefois, Mareschausser les chevaux, pour
dire, les penser & les ferrer. On a appellé en Latin mulomedicus, celuy qui guerissoit les
hevaux & le bestail.

MARINIER :

1° Homme de mer pour la manoeuvre d’un vaisseau. Il faut en la plaine salée Avoir lutté
ntre Malée…. Pour être cru bon marinier, MALH. III, 3.
2° Abusivement.(je souligne cette indication du Littré) Celui qui conduit un bâtiment sur
s grandes rivières ; en ce sens il s’oppose à marin. Il y a des marins dans la Manche et des
riniers dans la Seine.

MERCIER :

Marchand qui vend toutes sortes de marchandises dependantes du Corps de la Mercerie.
Le Corps des Marchands Merciers de Paris est le plus nombreux & le plus puissant des
six Corps des Marchands. Les gros Marchands Merciers vendent toutes les belles
estoffes de soye, d’or & d’argent. & quelque marchandise que ce soit tant du Royaume,
que des pays estrangers, comme estoffes, cuirs, fourrures, tapisseries, passements, soyes,
jouailleries, drogueries, metaux, armes, quincaillerie, dinanderie, coutellerie, & tous
ouvrages de forge & de fonte. Les Marchands Merciers ne doivent faire aucun ouvrage
de la main, si ce n’est pour enjoliver les marchandises qu’ils vendent. Les Merciers en
detail ne peuvent pas vendre celles qui concernent les autres Corps. Il y a aussi de menus
Merciers qui colportent, qui estalent de petites marchandises dans les marchez & les
Foires, qui ne sont pas du corps des Marchands Merciers.

PASSEMENTIER :

Vendeur de passements : dentelle, ouvrage qu’on fait avec les fuseaux pour servir
d’ornement, en l’appliquant sur des habits. On en fait d’or, d’argent, de soye & de fil. Le
mot de passement est presque general à toutes sortes de dentelles. Il differe des galons,
veloutés, en ce que ceux-cy se font sur le mestier des Tissutiers, comme n’étant qu’un
mple tissu ; au lieu que les passements & dentelles se font sur un oreiller avec des
fuseaux, & en suivant les points & piqueures d’un patron.

PERCHEUR :

Ouvrier qui perce, cheville et gournable les vaisseaux dans toutes les parties, lorsqu’on les
construit ou qu’on les radoube

POULAILLIER :

est un Marchand qui mène des volailles au marché. On dit proverbialement, Riche
rchand, pauvre Poulaillier.

ROUETIER.

Celui qui fabrique, répare et vend des rouets (pour les tisserands/telliers)
(Attention, malgré la position maritime de Saint-Valery, il ne saurait s’agir du
routier » qui se dit en marine d’un Pilote expérimenté qui sait bien conduire un
isseau, reconnaître sa route, ce qui n’a de sens que dans la marine commerciale de
ong cours et éventuellement pour le grand métier. Il faut noter que les « rouetiers » sont
alement toujours présents dans les villages de l’arrière pays.)

Scieur d’AIS :

AIS. subst. masc. Piece de bois de siage longue, & peu espaisse. Ais de sapin. ais de
bateau. on fait des planchers, des cloisons avec des ais. On dit aussi, des ais ou feuilles
de carton. Ce mot vient de axis Latin, qui a été pris souvent dans cette signification.
nage. D’autres le derivent de asser, qui signifie une piece de bois.

SCIEUR de LONG :

Celuy qui scie. Un Scieur de long est un homme de journée, qui scie des poutres pour en
aire des ais, des solives. Des scieurs de bleds sont des Aousterons.

TELLIER :

Synonyme de toilier. Artisan qui confectionne des toiles. (Cette activité était
équemment concomitante à un emploi agricole)

TRESSIER :

Celui qui tresse les cordages

– B – Groupes de métiers

métiers liés à la mer :
marinier : 119
chasse-marée : 10
apitaine de navire : 3
hotteur de harengs : 2
saleur de harengs : 2
basset marinier : 1
maître de bateau : 1
oissonnier : 1
percheur : 1

métiers de la terre :
batteur (en grange) : 13
berger : 9
laboureur : 9
jardinier : 1

forces de l’ordre :

garde : 4
sergent : 4
brigadier : 1

professions libérales :
vivant de son bien : 3
chirurgien : 2
greffier : 2
apothicaire : 1
avocat : 1

clergé :
prêtre : 17
iacre :1

commerçants :
hostellier : 1
marchand de dentelles : 1
poulailler : 1
teinturier : 1
tressier : 1
boulanger : 13
mercier : 9
tailleur : 8
boucher : 6
cabaretier : 3
épicier : 3
outurier : 2
passementier : 2
carbonnier : 1
écrivain (public) : 1
aisant marchandise : 1
froquier : 1

artisans :

cordonnier : 20
charpentier : 8
couvreur : 8
rouetier : 5
cordier : 4
maçon : 4
aréchal : 4
ellier : 36
bastier : 3
charron : 2
cloustier : 2
serrurier : 2
couroyer : 1
faiseur de chaires : 1
vitrier : 1


On voit bien que l’activité portuaire qui forme la typicité du bourg, avec son importante
antité de mariniers, qui forme la catégorie professionnelle la plus représentée et de loin,
‘est cependant pas exclusive. Autour d’elle, et naturellement souvent en complément, existe
oute la variété des petits métiers d’artisans et de commerçants nécessaires à la vie locale. Par
illeurs, la vocation maritime n’exclue pas, loin s’en faut, et ceci sera corroboré par les
iveaux d’imposition que nous verrons plus loin, la prégnance de l’activité agricole.

– 5 – Niveaux d’imposition

– A – Pression fiscale globale

Pour l’année 1696, le bourg de Saint-Valery est imposé pour un montant global de taille de
00 livres. Rappelons, s’il en est besoin, que ce montant n’est pas calculé a posteriori en
onction de la pression fiscale appliquée à tel niveau de revenus ou à tel niveau de capital
ossédé. A l’inverse, le processus est descendant, c’est à dire que les contrôleurs de taille ont
omme mission de répartir un niveau de collecte ici ces 7400 livres décidé au niveau de
‘Election d’Arques.

Le rôle de taille faisant apparaître 903 feux, le niveau moyen de pression fiscale, pour la
ille, est de 8,20 livres, soit 8 livres et 4 sols. Une livre comprend 20 sols. Un sou (sol)
comprend 12 deniers.

Si on soustrait du nombre total de feux les exemptés de taille (nobles, clergé ou exempté pour
n office), soit 28 feux, il reste 875 feux imposables. Le niveau moyen d’imposition réel sur la
opulation imposable est alors de 8,45 livres, soit 8 livres et 9 sols.

La répartition de population se ventile comme suit :

– non imposables (pauvres, invalides) : 94 feux

– imposés entre 0 et 2 livres inclus : 167 feux
– imposés entre > 2 livres et 5 livres : 239 feux
– imposés entre > 5 livres et 10 livres : 146 feux
– imposés entre > 10 livres et 20 livres : 118 feux
– imposés entre > 20 livres et 30 livres : 52 feux
– imposés entre > 30 livres et 40 livres : 24 feux
– imposés entre > 40 livres et 50 livres : 11 feux
– imposés entre > 50 livres et 60 : 6 feux
– imposés entre > 60 livres et 70 livres : 4 feux
– imposés entre > 70 livres et 100 livres : 4 feux
– imposés > 100 livres : 3 feux
– exemptés : 28 feux

Attention, 18 des 28 feux exemptés sont des « monoménages » puisque membres du clergé.
e calcul de la population totale exemptée ne peut donc se faire en multipliant le nombre de
es feux par 4.


On voit qu’il n’y a pas de très gros contributeur au plan fiscal. La progressivité de l’impôt est
galement manifeste : 29 % de la population paye moins de deux livres de taille, parmi
lesquels on retrouvera beaucoup des veuves et des mariniers. Le « prolétariat » de Saint-
alery c’est eux ! A l’autre extrémité, il est tout à fait notable que le plus gros contribuable,
vec 250 livres paye exactement le double du deuxième, ce qui doit donner une idée de la
sition très clairement dominante de cette famille.

– B – La bourgeoisie locale

Ce qui constitue la catégorie des notables se répartit naturellement entre les exemptés et les
ros contributeurs de taille. Parmi les exemptés, il faut faire une place particulière au clergé
ont la composition est très disparate et ne peut, en bloc, être assimilée à la bourgeoisie
ocale, même si on y trouve un représentant de la famille Crotteaux et deux de la famille
uconnet.

Outre les 18 prêtres et diacre, on trouve parmi les exemptés 3 gardes et un brigadier, le
ceveur de la consommation et trois représentants de familles de notables :

Pierre Le Corbeiller, greffier au magasin à sel, dont nombre de descendants occuperont des
onctions importantes à Saint-Valery et surtout à Dieppe.

François Vasse, conseiller du Roy, conseiller des guerres

Nicolas Vasse, frère du précédent, conseiller du Roy, maire de Saint-Valery.

Seuls 11 feux payent plus de 60 livres de taille dont un seul plus de 200 livres :

Jacques Angot et son fils ont deux maisons et 10 acres de terre, imposés 66 livres et 10 sols
Adrian Cotterel a une maison, imposé 75 livres
Jean Cotterel, laboureur, tient à ferme 45 acres de terre, imposé 109 livres
Michel Crotteaux, munier, a une maison, imposé 62 livres 6 sols
Jacques Delatre occupe une maison et 50 acres de terre qu’il tient du sieur Vasse et 9 qu’il
tient des pères pénitents, imposé 100 livres
Jacques Fanouillère et son fils tiennent à ferme 50 acres de terre, ont troupeau, vache et
arrue, imposés 80 livres
Catherine Lemaistre, veuve de Guillaume Fauconnet, et ses deux fils, ont 60 acres de terre,
imposés 125 livres
La veuve de Jean Leseigneur et son fils Nicolas et autre fils, tiennent deux fermes l’une de 80
acres, l’autre de 70, ont troupeau, vache, charrue, imposés 250 livres 5 sols
Joseph Petitseigneur a une maison et 100 livres de rente, imposé 63 livres
Vivien Pimont, capitaine de navire, a deux maisons, imposé 63 livres
Nicolas Vasse, fils de Jean, marchand de dentelle, imposé 100 livres

Avec les exemptés non prêtres, nous avons ici les familles les plus notables ou à tout le moins
éputées les plus fortunées de Saint-Valery.

Remarquons la place importante qui occupe la famille Vasse, avec Nicolas, le maire, François,
onseiller des guerres, tous deux exemptés et Nicolas, fils de Jean, imposé 100 livres. Pour
mpléter ce tableau, il convient d’y ajouter Jean Vasse, capitaine de navire et greffier des rôles de
taille, frère de Nicolas et François, imposé 31 livres 10 sols. En revanche, sa charge de greffier
es rôles lui permet de toucher 6 deniers par livre de taille collectée dans la ville. Le montant total
la taille pour St Valery étant de 7400 livres, Jean Vasse « gagne » 185 livres (il y a 20 sols dans
ne livre, 12 deniers dans un sol) par an comme greffier.

Joseph Petitseigneur succédera à Nicolas Vasse comme maire de Saint-Valery, après le décès de
elui-ci en décembre 1698. Lui même décédera en 1710 et la charge de maire restera vacante
usqu’en 1715. Notons que Thomas Petitseigneur que sa qualité de saleur de poissons pourrait
aisser prendre pour un citoyen modeste « tient pour 280 livres de dixmes » et est imposé 58 livres 3
ols 6 deniers.

Dans notre catégorie, seul Vivien Pimont, capitaine de navire, a une activité directement liée à la
er. Dans un port comme ailleurs, c’est la possession ou l’exploitation de la terre qui fait le gros
contribuables. C’est son activité agricole qui fait de la veuve de Guillaume Fauconnet le plus gros
ontribuable du bourg. Qu’ils soient explicitement qualifiés de laboureurs ou non, Jacques Delattre,
ean Cotterel, Jacques Fanouillère, et la veuve de Jean Leseigneur exploitent bien la terre et ont des
urfaces relativement importantes pour la région.

– C – Situation des groupes professionnels

On trouvera ci dessous les extrêmes d’imposition pour un même groupe professionnel :

Batteurs (en grange) : Le niveau d’imposition va de 1 livre à 16 livres
Bergers : de 0 à 12 livres 7 sols, mais avec une forte concentration autour de 4 livres
Bouchers : de 5 à 42 livres
Boulangers : de 12 sols à 37 livres 5 sols 6 deniers
Capitaines de navires : ils ne sont que 3 et payent respectivement 30 livres 9 deniers, 31 livres
10 sols, et 63 livres

Charpentiers : de 2 livres à 14 livres 2 sols 6 deniers
Chasse-marées : de livres 5 sols à 32 livres 3 sols, mais forte concentration autour de 6 livres
Chirurgiens : ils ne sont que 2 et payent respectivement 30 livres et 59 livres 10 sols

Cordonniers : de 15 sols à 45 livres 9 sols
Couvreurs : de 2 livres 2 sols à 44 livres 10 sols, mais 1 seul paye moins de 10 livres
Laboureurs : (seuls ceux explicitement désignés) de 14 livres à 109 livres (de 2 acres à 45)
Mariniers : de 0 à 20 livres 3 sols, mais c’est la catégorie qui paye le moins par feu
« Pauvres » : ne sont pas tous non imposables ; payent de 0 à 1 livre 12 sols
Telliers : de 1 livre 6 sols à 10 livres 7 sols
Tonneliers : de 1 livre 10 sols à 42 livres 16 sols
Valets : de 1 livre 5 sols à 13 livres 15 sols

La situation des veuves :

Les veuves représentent 258 feux sur les 903 du bourg, soit 28,5 % de ceux-ci.
ndiscutablement, les veuves forment, à de rares exceptions, une catégorie sociale
rticulièrement fragile.

L’exception qui confirme la règle est, comme nous l’avons vu, que les deux plus gros
ontribuables (250 et 125 livres) sont des veuves !

Cependant, si on reprend la même ventilation par tranches d’impôt que la population globale,
phénomène est particulièrement clair :

16,2 % des veuves ne sont pas imposables, alors que ce n’est le cas que de 10% pour
l’ensemble de la population.

Il s’agit évidemment d’un segment économiquement très fragile, très certainement en état de
auvreté au regard, en tout cas, de standards actuels.

34,8 % des veuves , contre 19 % de la population totale, payent entre 0 et 2 livres de taille.

On a donc une majorité absolue de veuves (51%) qui sont très largement en dessous du
veau moyen d’imposition qui, rappelons le, est légèrement supérieur à 8 livres. On voit bien
a différence, par exemple, avec la population des chefs de famille mariniers qui constituent
lobalement le bas de l’échelle économique. Ils apportent cependant, non seulement
autosubsistance, mais encore des revenus modestes mais réels..

21,3 % des veuves, contre 27 % de la population globale, payent de 2 à 5 livres de taille, ce
ui vérifie, par la symétrique, la proposition précédente. C’est bien dans cette catégorie, en
ffet, que l’on trouve les catégories les moins imposées d’hommes actifs. C’est déjà à ce
iveau très bas que se croisent les proportions, c’est à dire où la proportion au sein des veuves
evient inférieure à la proportion dans la population globale.

12,8 % des veuves payent entre 5 et 10 livres contre 16 % de la population globale
9,3 % des veuves payent entre 10 et 20 livres contre 13 % dans la population globale
3,8 % des veuves payent entre 20 et 30 livres contre 6 % dans la population globale
Seules 1,55 % des veuves payent plus de 30 livres contre 6 % dans la population globale.

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