{"id":954,"date":"2012-11-03T20:15:59","date_gmt":"2012-11-03T19:15:59","guid":{"rendered":"http:\/\/blog.losay.net\/?p=954"},"modified":"2012-11-03T20:15:59","modified_gmt":"2012-11-03T19:15:59","slug":"un-passe-nomme-desir","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/blog.losay.net\/?p=954","title":{"rendered":"Un pass\u00e9 nomm\u00e9 D\u00e9sir"},"content":{"rendered":"
Le congr\u00e8s de Toulouse du Parti Socialiste s’est termin\u00e9 sans surprise, comme sa pr\u00e9paration avait commenc\u00e9. Harlem D\u00e9sir est d\u00e9sign\u00e9. Le Parti est lobotomis\u00e9.<\/p>\n
Que semble loin le temps, en 2006, o\u00f9 la m\u00e9t\u00e9orite S\u00e9gol\u00e8ne Royal bousculait les lignes, osant aborder des questions taboues, sur la s\u00e9curit\u00e9, l’\u00e9quilibre des droits et devoirs, la d\u00e9centralisation, le cumul des mandats, la cr\u00e9ation d’un parti ouvert, r\u00e9clamant de se r\u00e9approprier les attentes populaires, quitte \u00e0 faire moindre place aux “bobos”.<\/p>\n
Comme Sarkozy et Bayrou, Royal a \u00e9t\u00e9 balay\u00e9e par la crise. A droite, au centre, \u00e0 gauche, les postures innovantes, les volont\u00e9s r\u00e9novatrices, le souhait de s’\u00e9manciper des st\u00e9r\u00e9otypes \u00e9cul\u00e9s, ont \u00e9t\u00e9 balay\u00e9es par la crise pour redonner place aux r\u00e9flexes les plus archa\u00efques. L\u00e0 o\u00f9 on aurait besoin de visionnaires, de donneurs de souffle, on a affaire aux bricolages, aux tripatouillages et aux ravaudages les plus d\u00e9courageants.<\/p>\n
Au centre et \u00e0 droite, bidouillages et “valeur r\u00e9tro”<\/strong><\/em><\/p>\n La constitution de l’UDI avec Jean-Louis Borloo aurait pu prendre le relais tomb\u00e9 des mains de Bayrou pour construire une organisation moderne, ouverte, tourn\u00e9e vers l’avenir, ne refusant aucune alliance, soutenant la majorit\u00e9 actuelle quand il est jug\u00e9 qu’elle le m\u00e9rite… Las, l’UDI n’est qu’un rubik’s cube dont le joueur peine tant \u00e0 r\u00e9unir les couleurs que l’on sent d\u00e9j\u00e0 qu’il jettera l’\u00e9ponge, us\u00e9 par une partie trop longue, fastidieuse et les coups de poignards dans le dos.<\/p>\n L’observateur lointain ou inattentif n’aura pas remarqu\u00e9 \u00e0 quoi sert le “I” de l’UDI. Ces “ind\u00e9pendants” qui la rejoignent sont les membres du Centre National des Ind\u00e9pendants (autrefois ind\u00e9pendants et paysans). Le CNI est-il centriste ? S’\u00e9loigne-t-il de l’UMP \u00e0 cause de sa trajectoire droiti\u00e8re ? Pas du tout, le CNI est l’aile la plus \u00e0 droite de l’opposition, bien plus r\u00e9trograde que la “droite populaire” ou le “parti d\u00e9mocrate-chr\u00e9tien” de Boutin. Depuis Giscard, et l’union des droites antigaullistes et des lib\u00e9raux dans l’UDF, le CNI est la passerelle affirm\u00e9e, le point de rencontre entre la droite r\u00e9publicaine et l’extr\u00eame droite. C’est le r\u00f4le qu’il continue de jouer, s’appuyant sur un \u00e9lectorat rural et ultra conservateur que les positions soci\u00e9tales d’un Borloo ou d’une Jouanno doivent faire baver de haine.<\/p>\n Quant aux restes, rien qu’une juxtaposition d’alliances de circonstances faites de volont\u00e9 de marginaliser “l’autre” et de se faire une petite place au soleil couchant, avec la b\u00e9n\u00e9diction suppos\u00e9e, par chacun et ses adversaires internes, de fractions de l’UMP, voire de Sarkozy. Ainsi vont Lagarde, Morin, Arthuis et les autres… Dommage ! de v\u00e9ritables progressistes, lib\u00e9raux, europ\u00e9ens sont entr\u00e9s dans cette aventure. J’en connais d’excellent(e)s. Leur d\u00e9ception sera grande.<\/p>\n Faut-il parler de l’UMP ? Le duel Fillon-Copp\u00e9 ne montre que quelques \u00e9l\u00e9ments clefs d\u00e9j\u00e0 connus qui font apparaitre la “rupture” affich\u00e9e en 2006-2007, comme un mirage lointain :<\/p>\n Le refus d’une v\u00e9ritable primaire permettant aux diff\u00e9rentes “sensibilit\u00e9s”, c’est \u00e0 dire plus prosa\u00efquement aux diff\u00e9rentes ambitions, de se confronter montre le caract\u00e8re r\u00e9trograde de cette organisation, en d\u00e9calage total avec les \u00e9volutions et les attentes de la soci\u00e9t\u00e9. Plus personne, hors du personnel politique lui-m\u00eame, n’est pr\u00eat \u00e0 accepter la caporalisation et le centralisme bureaucratique. Celui qui “tient” le parti et celui qui a le soutien des sympathisants s’\u00e9charpent. C’est la r\u00e8gle. L’un continuant la strat\u00e9gie de Sarkozy le perdant fait appel \u00e0 toutes les bassesses. Il est vrai qu’on aurait pu penser que le petit fils des Copelovici, des juifs roumains ayant re\u00e7u un accueil bienveillant en France aurait la dignit\u00e9 de se passer de sa fable x\u00e9nophobe et islamophobe sur le pain au chocolat. Mais cet homme est ainsi fait…<\/p>\n L’autre reprenant la strat\u00e9gie de Sarkozy le gagnant (mais c’\u00e9tait en 2007, l’aurait-il oubli\u00e9 ?) fait semblant de jouer l’ouverture et la mod\u00e9ration tout en faisant surench\u00e8re de critiques hargneuses \u00e0 l’\u00e9gard de tout ce qui n’est pas UMP. Ainsi est fait le hobereau de Sabl\u00e9, p\u00e9tri de la conviction si ancr\u00e9e dans la droite fran\u00e7aise, que tout ce qui n’est pas elle est ill\u00e9gitime.<\/p>\n Au centre comme \u00e0 droite, dans les tripatouillages h\u00e9rit\u00e9s de la IV\u00b0 r\u00e9publique et dans les discours dignes des ann\u00e9es 50, c’est le triomphe de la “valeur r\u00e9tro”.<\/p>\n Au Parti Socialiste, le triomphe de la contre-r\u00e9forme<\/strong><\/em><\/p>\n En 2006-2007, certains au Parti Socialiste, sans changer sa doctrine englu\u00e9e dans une rh\u00e9torique \u00e9conomique d’un autre \u00e2ge – et montr\u00e9e du doigt \u00e0 juste titre \u00e0 l’\u00e9poque par les Gracques -, avaient quand m\u00eame r\u00e9ussi \u00e0 fendre l’armure. S\u00e9gol\u00e8ne Royal, en cr\u00e9ant D\u00e9sirs d’avenir, cassait la fronti\u00e8re absurde entre “militants” et “sympathisants” et cr\u00e9ait un r\u00e9el mouvement d’adh\u00e9sion populaire. Montebourg, Peillon, Valls, portaient le fer -sous des angles diff\u00e9rents – contre le fonctionnement, la paralysie intellectuelle, la bobo\u00efsation du parti, voulaient s’attaquer aux archa\u00efsmes, aux f\u00e9odalit\u00e9s, aux institutions. Ils imposaient les primaires.<\/p>\n Le Congr\u00e8s de Reims a marqu\u00e9 le premier coup de sonnette de la fin de la r\u00e9cr\u00e9ation. La victoire vol\u00e9e dans la nuit par Martine Aubry \u00e0 S\u00e9gol\u00e8ne Royal, majoritaire \u00e0 l’heure du coucher, minoritaire \u00e0 l’heure du lever n’a pas suffi. Certains alli\u00e9s ont \u00e9t\u00e9 \u00e9limin\u00e9s pour pr\u00e9parer l’avenir pr\u00e9sidentiel. Ainsi de Bertrand Delano\u00eb, pr\u00e9parant son d\u00e9part de Paris, pour ambitionner le premier secr\u00e9tariat, voire les primaires. D\u00e9pouill\u00e9 de sa motion par une manoeuvre habile de Martine Aubry, voici le maire du Palais abandonn\u00e9 par les poids lourds parisiens : Cambad\u00e9lis, Le Guen, Caffet et m\u00eame la dauphine adoub\u00e9e Anne Hidalgo prennent leur distance. Le roi est nu. Out.<\/p>\n Les primaires ont pu apparaitre comme un grand bol d’air frais. Promises de longues dates, attendues, pl\u00e9biscit\u00e9es par l’opinion de gauche, elles ne pouvaient \u00eatre remises en cause, m\u00eame si l’op\u00e9ration longuement pr\u00e9par\u00e9e du tandem Strauss-Kahn\/Aubry avait aussi comme objectif de les faire appara\u00eetre comme inutiles face \u00e0 une candidature d’\u00e9vidence. Par chance (ou par une manoeuvre dont les auteurs seront connus dans longtemps), le Sofitel en a voulu autrement. On ne remerciera jamais assez le groupe Accor pour sa participation \u00e0 la primaire socialiste. D’autant plus que l’on sait maintenant que Strauss-Kahn aurait perdu contre Sarkozy.<\/p>\n Des millions de sympathisants de gauche, de progressistes, de centristes, d’\u00e9cologistes sont all\u00e9s voter dans l’enthousiasme. Pour avoir tenu un bureau de vote, sans \u00eatre membre du PS, je ne peux que confirmer l’ambiance joyeuse, bon enfant, de tous les participants. Mais par la fen\u00eatre ouverte, l’air frais n’est pas rentr\u00e9 rue de Solf\u00e9rino. C’est plut\u00f4t le peu qui y restait qui en est sorti.<\/p>\n Le camp Aubry, engag\u00e9 trop tardivement \u00e0 cause de son deal avec Strauss Kahn a perdu la bataille contre les sympathisants de gauche. La coalition h\u00e9t\u00e9roclite rassemblant les fabiusiens, d’anciens jospiniens, des strauss-khaniens et la gauche la plus ringarde du Parti a r\u00e9ussi \u00e0 garder le Parti. Revenant sur l’esprit des primaires, revenant encore plus loin en arri\u00e8re sur la d\u00e9signation militante du premier secr\u00e9taire, Martine Aubry, prenant exemple sur le d\u00e9mon\u00e9tis\u00e9 Bertrand Delano\u00eb, a d\u00e9cid\u00e9 d’adouber son successeur sans que les adh\u00e9rents aient leur mot \u00e0 dire.<\/p>\n Les adh\u00e9rents, les sympathisants du Parti socialiste peuvent-ils accepter cela longtemps sans bouger ?<\/p>\n Congr\u00e8s de Toulouse, la majorit\u00e9 pr\u00e9sidentielle fragilis\u00e9e<\/em><\/strong><\/p>\n Avec 70 % \u00e0 la motion majoritaire et \u00e0 Harlem D\u00e9sir, le Parti Socialiste peut appara\u00eetre comme largement homog\u00e8ne dans son soutien \u00e0 un gouvernement r\u00e9formiste. Il n’en est rien, bien au contraire. Sans autres leaders que les marginaux \u00a0Marie-Noelle Lienemann et G\u00e9rard Filoche (qui \u00e9crivait encore dans un courrier r\u00e9cent \u00e0 Michel Lequenne \u00eatre toujours trotskyste), les courants qui se pensent la gauche du Parti ont rassembl\u00e9 pr\u00e8s de 30 % des suffrages.<\/p>\n Il faut bien s\u00fbr y ajouter, pour \u00e9valuer le poids r\u00e9el de l’id\u00e9ologie qu’ils v\u00e9hiculent, tous les adh\u00e9rents qui ont vot\u00e9 pour la motion majoritaire en suivant la consigne des dirigeants historiques \u00a0les plus repr\u00e9sentatifs de cette “gauche de la gauche”, ralli\u00e9s \u00e0 la majorit\u00e9 pr\u00e9visible pour mieux n\u00e9gocier \u00a0des postes \u00e0 la direction du PS\u00a0(avec un certain succ\u00e8s), ou au gouvernement (avec une r\u00e9ussite proche du z\u00e9ro).<\/p>\n Or si on additionne les partisans de Montebourg, proclam\u00e9 candidat de cette “gauche” aux primaires, ceux de Hamon, leader lui de cette “gauche” au pr\u00e9c\u00e9dent congr\u00e8s, ceux d’Emmanuelli, de Vidalies, de Quil\u00e8s…on ne peut imaginer qu’ils repr\u00e9sentent moins de 20 % du Parti.<\/p>\n C’est donc au moins la moiti\u00e9 du Parti sur lequel s’appuie uniquement la majorit\u00e9 pr\u00e9sidentielle qui se positionne clairement dans l’opposition \u00e0 celle-ci. La crise est larv\u00e9e, certes, mais elle est inscrite et elle est grave.<\/p>\n Le choix r\u00e9galien d’Harlem D\u00e9sir comme premier secr\u00e9taire n’est gu\u00e8re plus rassurant quant \u00e0 la capacit\u00e9 de la direction du PS issue de Toulouse de peser sur les grands \u00e9lus et les baronnies locales.<\/p>\n Martine Aubry n’avait-elle le choix qu’entre Cambad\u00e9lis et D\u00e9sir, tous deux nagu\u00e8re condamn\u00e9s – le premier \u00e0 12 mois, le deuxi\u00e8me \u00e0 18 mois de prison- pour des affaires d’emplois fictifs que la population rejette aujourd’hui unanimement comme parmi les pires r\u00e9sidus de ce qu’on ne veut plus voir en politique ? Dans ce Parti de dizaines de milliers d’\u00e9lus, n’\u00e9tait-il pas possible d’appeler aux responsabilit\u00e9s un seul maire de grande ville, un pr\u00e9sident d’agglo, de conseil g\u00e9n\u00e9ral ou r\u00e9gional, repr\u00e9sentatif des r\u00e9ussites de terrain dont les socialistes sont souvent capables, et exempt de tout soup\u00e7on judiciaire ?<\/p>\n La v\u00e9rit\u00e9 est que la fragilit\u00e9 majoritaire du Parti \u00e9tant connue d’eux, aucun des dirigeants d\u00e9j\u00e0 appel\u00e9s au gouvernement, ni aucun des poids lourds locaux n’a souhait\u00e9 prendre le risque. On sait que ce fut notamment le cas de Rebsamen et Le Foll…C’est dire l’opinion qu’ils peuvent avoir de leur propre parti. Dans le m\u00eame temps, les Hollandais ne voulaient pas laisser le parti aux Aubrystes, quitte \u00e0 l’affaiblir encore plus. Ils n’ont pas voulu laisser la place \u00e0 Cambad\u00e9lis, d\u00e9test\u00e9 ou craint de beaucoup, mais d\u00e9put\u00e9 \u00e9lu \u00e0 70 % dans sa circonscription, chef de guerre incontest\u00e9, leader d’un groupe plut\u00f4t disciplin\u00e9, favori de Martine Aubry.<\/p>\n C’est ainsi qu’avec la b\u00e9n\u00e9diction de l’Elys\u00e9e et Matignon, les 3 mousquetaires (Valls, Peillon, Le Foll) estimant leurs int\u00e9r\u00eats personnels convergents dans cette affaire, unirent leurs efforts et impos\u00e8rent Harlem D\u00e9sir. Pour eux, ses qualit\u00e9s sont \u00e9videntes : plut\u00f4t falot, d\u00e9pourvu de “marqueur” sur le moindre sujet, jamais \u00e9lu au suffrage universel, sans la moindre troupe, redout\u00e9 de personne, il \u00e9tait le candidat id\u00e9al pour les Hollandais dans le contexte o\u00f9 aucun leader de ce courant ne voulait “y aller”. Juste le souvenir vague des ann\u00e9es SOS racisme, il y a vingt-cinq ans ! un pass\u00e9 nomm\u00e9 D\u00e9sir.<\/p>\n Sans id\u00e9ologie, sans courant majoritaire unifi\u00e9 sur une orientation, menac\u00e9 de l’int\u00e9rieur par une opposition largement sup\u00e9rieure \u00e0 son score apparent, le Parti Socialiste se trouve sans dirigeant cr\u00e9dible. Le pari \u00e9lys\u00e9en d’un parti faible qui ne pourra pas faire jouer de rapport de force hostile dans la mise en oeuvre de la n\u00e9cessaire politique de rigueur parait extr\u00eamement risqu\u00e9. C’est le moins que l’on puisse dire.<\/p>\n La majorit\u00e9 d\u00e9j\u00e0 \u00e9gratign\u00e9e<\/em><\/strong><\/p>\n La politique de l’affaiblissement du parti majoritaire est compr\u00e9hensible lorsque l’ex\u00e9cutif est fort, son leadership incontest\u00e9, son orientation claire, les alliances \u00a0solides bas\u00e9es sur des contrats clairs ou un rapport de force dissuasif.<\/p>\n Nous savons ne pas \u00eatre dans ce contexte. L’ex\u00e9cutif devait se positionner sur le long terme, de d\u00e9voiler la feuille de route, aussi difficile soit-elle, de faire preuve de p\u00e9dagogie sur l’engrenage des diff\u00e9rentes \u00e9tapes pour am\u00e9liorer la situation du pays, la qualit\u00e9 de vie des citoyens et leur espoir dans l’avenir.<\/p>\n Dans la grande tradition des socialistes fran\u00e7ais, il ne l’a pas fait. Semblant naviguer au coup par coup. S’excusant presque de devoir voter l’indispensable trait\u00e9 europ\u00e9en (indispensable mais \u00e9videmment insuffisant), semblant reculer face aux “pigeons” \u00a0et brouillonnant sur l’arbitrage soutien \u00e0 l’innovation\/fiscalit\u00e9, r\u00e9ussissant le contre exploit de pr\u00e9voir des \u00e9conomies budg\u00e9taires substantielles et d’apparaitre comme l’arch\u00e9type du “tax and spend” de la gauche des ann\u00e9es 70.<\/p>\n Globalement, les d\u00e9cisions finalement prises ne sont pas mauvaises. Mais le “finalement” est de trop. Il traduit l’impression d’amateurisme, d’impr\u00e9paration ; le sentiment que le gouvernement redresse des projets boiteux sous la pression. Comment s’\u00e9tonner alors de la tribune politique de la centaine de patrons du CAC 40 ? Il est \u00e9vident qu’ils n’auraient jamais os\u00e9 ce positionnement hors de leur fonction \u00e9conomique sous la pr\u00e9sidence Sarkozy, pourtant le plus creuseur de d\u00e9ficits depuis son mentor Ballaadur.<\/p>\n L’autorit\u00e9 elle-m\u00eame est mise en cause. EELV vote contre le gouvernement, mais ses ministres sont conserv\u00e9s et leur action couverte de louanges. Les ministres se contredisent tous les jours, sans \u00eatre sanctionn\u00e9s. La majorit\u00e9 n’existe d’ores et d\u00e9j\u00e0 plus au S\u00e9nat o\u00f9 le Front de Gauche est clairement dans l’opposition (et tout r\u00e9cemment alli\u00e9 avec l’UMP). A l’Assembl\u00e9e, le vote hostile d’un groupe de d\u00e9put\u00e9s socialistes sur le trait\u00e9 europ\u00e9en n’est \u00e9videmment qu’un test : pas de rapport de force mis en oeuvre \u00e0 l’\u00e9gard des votants et de leur dirigeants (Benoit Hamon les a explicitement encourag\u00e9). La voie est donc libre pour une opposition encore plus nombreuse sur les sujets plus clairement sensibles ou douloureux pour l’opinion.<\/p>\n Les v\u00e9ritables “ayant-droits” m\u00e9ritent une r\u00e9ponse politique et une majorit\u00e9 recentr\u00e9e<\/strong><\/em><\/p>\n Avec un certain talent, Jean-Luc M\u00e9lenchon a invent\u00e9 le concept “d’ayant-droits” de l’\u00e9lection pr\u00e9sidentielle. Le concept est pertinent, son utilisation politique par le Front de Gauche est une usurpation, une escroquerie politique.<\/p>\n La Gauche Moderne et R\u00e9publicaine s’est cr\u00e9\u00e9e plusieurs mois avant les \u00e9lections pr\u00e9sidentielles et n’a pas eu d’h\u00e9sitation quant \u00e0 la n\u00e9cessit\u00e9 de rompre avec la politique mise en oeuvre par Sarkozy. La GMR a rassembl\u00e9 des citoyens issus de diff\u00e9rents horizons convaincus qu’il fallait r\u00e9concilier le souhaitable et le possible dans des propositions politiques coh\u00e9rentes. Le Parti Socialiste nous semblait incapable de prendre sur lui le courage politique n\u00e9cessaire pour rompre avec la phras\u00e9ologie du pass\u00e9, incapable de se positionner comme une Gauche moderne’ comme l’avaient fait depuis longtemps le SPD, le New Labour, le PSOE et la plupart des partis sociaux-d\u00e9mocrates ou progressistes. La GMR se revendique d’un progressisme r\u00e9aliste, de la politique \u00e9conomique et sociale du New Labour, de ce que certains ont appel\u00e9 le social-lib\u00e9ralisme.<\/p>\n Un peu plus de six mois apr\u00e8s, une pr\u00e9sidentielle et des l\u00e9gislatives perdues par la droite (davantage que gagn\u00e9es par la gauche), un congr\u00e8s socialiste, je pense que nous avions vu juste.<\/p>\n La majorit\u00e9 pr\u00e9sidentielle s’est gagn\u00e9e par l’apport de 10 points de citoyens qui ont vot\u00e9 Hollande au 2\u00b0 tour et n’avaient pas vot\u00e9 \u00e0 gauche au 1er tour. En effet l’ensemble des voix de gauche totalise 42 % au 1er tour. Si on veut \u00eatre plus proche encore de la r\u00e9alit\u00e9, il faut sans aucun doute retirer du score hollande au 2\u00b0 tour au moins 3 points d’\u00e9lecteurs de Poutou, Artaud et M\u00e9lenchon qui n’ont pas report\u00e9 leur voix.<\/p>\n Les ayant-droits de la majorit\u00e9 pr\u00e9sidentielle, ce n’est donc pas l’ultra-gauche, ce sont ces 13 points de citoyens qui n’ont pas vot\u00e9 \u00e0 gauche au 1er tour et ont fait \u00e9lire Hollande. C’est leur d\u00e9ception qui se manifeste dans les sondages.<\/p>\n Il n’est pas justifiable politiquement de les ignorer. Ils attendent des r\u00e9formes, du professionnalisme, de l’encouragement \u00e0 l’innovation, la remise en place de l’\u00e9galit\u00e9 des chances et des droits. Ils attendent la s\u00e9curit\u00e9 sur l’int\u00e9gralit\u00e9 du territoire. Ce sont eux qui contribuent \u00e0 faire de Manuel Valls le ministre le plus populaire. Ce sont eux qui regrettent la trop grande discr\u00e9tion et le manque de visibilit\u00e9 de la politique de Moscovici….<\/p>\n Les vrais “ayant-droits” m\u00e9ritent une vrai r\u00e9ponse politique. Elle passe par la cr\u00e9ation d’une organisation politique qui les repr\u00e9sentent. Nous, \u00e0 la GMR, souhaitons y contribuer. Mais les formations politiques ne peuvent plus fonctionner avec une offre “top-down”. Elles doivent fonctionner sur un mode contributif et participatif. On ne peut pas ne faire que se lamenter sur l’absence de prise en compte par les politiques des vrais probl\u00e8mes sans se retrousser soi m\u00eame les manches. J’appelle vraiment les acteurs \u00e9conomiques, particuli\u00e8rement orphelins de la repr\u00e9sentation \u00e0 gauche : cr\u00e9ateurs d’entreprise, cadres du priv\u00e9, salari\u00e9s de la fonction publique souhaitant vraiment la r\u00e9forme de l’Etat par l’investissement et l’innovation, syndicalistes r\u00e9formistes, professions lib\u00e9rales… qui se retrouvent dans une orientation progressiste, r\u00e9aliste et innovante \u00e0 nous rejoindre dans cette d\u00e9marche.<\/p>\n Les municipales sont en 2014. Venez parler avec nous de ce que nous pouvons faire pour que nos voix soient entendus. D’autres, issus de l’\u00e9cologie, du centre, du gaullisme social, du Parti socialiste partagent cette vision.<\/p>\n Il n’est pas justifiable de la part de l’ex\u00e9cutif de laisser croire que le quinquennat pourra se poursuivre jusqu’\u00e0 son terme avec la fausse majorit\u00e9 incluant les communistes, les verts “past\u00e8ques” (verts dehors mais rouges dedans), et l’aile archa\u00efque du PS.Ce ne sera pas le cas. C’est d\u00e9j\u00e0 visible.<\/p>\n Il est indispensable de commencer \u00e0 donner des signes positifs aux vrais ayant-droits pour leur montrer que l’ex\u00e9cutif est attentif \u00e0 leurs attentes. Il faut leur montrer que les r\u00e9formes ne sont pas prises par d\u00e9pit ou sous la contrainte mais par volont\u00e9 assum\u00e9e. Il faut leur montrer que leur repr\u00e9sentation politique, aussi \u00e9parse et diffuse soit-elle aujourd’hui, est prise en compte. Il faut aussi que la main soit tendue \u00e0 ceux qui par fid\u00e9lit\u00e9 \u00e0 leur famille politique d’origine sont aujourd’hui dans l’opposition mais pourraient ponctuellement soutenir des d\u00e9cisions utiles au pays.<\/p>\n Chacun commence \u00e0 voir que ce n’est qu’avec cette majorit\u00e9 recentr\u00e9e, correspondant \u00e0 l’expression politique du pays aux pr\u00e9sidentielles, que le quinquennat pourra r\u00e9ussir, c’est \u00e0 dire contribuer au redressement du pays.<\/p>\n Nous attendons ces signes. Ils doivent venir. Vite.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Le congr\u00e8s de Toulouse du Parti Socialiste s’est termin\u00e9 sans surprise, comme sa pr\u00e9paration avait commenc\u00e9. Harlem D\u00e9sir est d\u00e9sign\u00e9. Le Parti est lobotomis\u00e9. Que semble loin le temps, en 2006, o\u00f9 la m\u00e9t\u00e9orite S\u00e9gol\u00e8ne Royal bousculait les lignes, osant … Continuer la lecture