{"id":210,"date":"2012-01-12T10:58:12","date_gmt":"2012-01-12T09:58:12","guid":{"rendered":"http:\/\/blog.losay.net\/?page_id=210"},"modified":"2012-01-12T10:58:12","modified_gmt":"2012-01-12T09:58:12","slug":"st-valery-en-caux-en-1696-analyse-du-role-de-la-taille","status":"publish","type":"page","link":"https:\/\/blog.losay.net\/?page_id=210","title":{"rendered":"St Val\u00e9ry en Caux en 1696, analyse du r\u00f4le de la taille"},"content":{"rendered":"
(avril 2002)<\/p>\n
Le travail qui est pr\u00e9sent\u00e9 ici a \u00e9t\u00e9 r\u00e9alis\u00e9 \u00e0 partir du d\u00e9pouillement du r\u00f4le de la taille de la
\naroisse de Saint-Valery en Caux pour l’ann\u00e9e 1696, r\u00f4le conserv\u00e9 aux archives
\n\u00e9partementales de la Seine-Maritime, sous la c\u00f4te C 1910.<\/p>\n
Les r\u00f4les de taille nous donnent une esp\u00e8ce de radiographie fiscale d’une paroisse pour une
\nn\u00e9e donn\u00e9e.<\/p>\n
Le nombre de foyers fiscaux ( de feux) nous donne une indication du nombre d’habitants de la
\nparoisse. Empiriquement, il appara\u00eet qu’en multipliant le nombre de feux par 4 ou 5 on obtient
\npproximativement le nombre d’habitants. pour Saint-Valery, avec environ 900 feux, on
\nobtient ainsi quelque 4000 habitants \u00e0 la fin du XVII\u00b0 si\u00e8cle, ce qui, recoup\u00e9 avec d’autres
\nources, semble assez plausible.<\/p>\n
L’objectif que j’ai poursuivi en d\u00e9pouillant ce document fiscal et en en tirant les informations
\neproduites et comment\u00e9es dans cette brochure, est de contribuer \u00e0 une meilleure
\nnnaissance des familles et, plus g\u00e9n\u00e9ralement, de la population du pays de Caux \u00e0 la fin du
\nVII\u00b0 si\u00e8cle.<\/p>\n
Nous trouvons, en effet, des points de comparaison int\u00e9ressants sur la pression fiscale des
\niff\u00e9rentes paroisses, sur les professions exerc\u00e9es et leur statut social extrapol\u00e9 de leur niveau
\n‘imposition. Les donn\u00e9es collect\u00e9es refl\u00e8tent en effet certains crit\u00e8res de standard de vie,
\ninsi que ce qui semblait important aux collecteurs comme crit\u00e8res discriminants quant aux
\nevenus.<\/p>\n
Dans les villages sp\u00e9cifiquement ruraux, on compte le nombre de charrues, de chevaux, de
\naches, qui ne sont qu’exceptionnellement sup\u00e9rieurs \u00e0 une ou deux unit\u00e9s. Ceci n’appara\u00eet
\nas \u00e0 Saint-Valery.
\nLe nombre d’acres est \u00e9galement un crit\u00e8re important. On estime usuellement l’acre normand
\n\\x{0153} hectare. Je ne r\u00e9siste cependant pas \u00e0 retranscrire la d\u00e9finition du dictionnaire
\nFureti\u00e8re \u00bb de 1690
\n\u00ab acre s. m. Mesure de terre qui se dit particuli\u00e8rement en Normandie, qui contient 160.
\nerches. L’acre du bois est de 4. verg\u00e9es, la verg\u00e9e de 40. perches, la perche de 24. pieds, le
\ned de 24. pouces, & le pouce de 12. lignes : mais tout cela diff\u00e8re selon les lieux.
\nDans un Registre de la Chambre des Comptes il est dit, que l’acre contient quatre verg\u00e9es,
\nont il en faut deux pour l’arpent ; qu’une verg\u00e9e contient quarante perches de terre, &
\nhaque perche contient 24. semelles de pied. Chez les Anglais un acre contient 16. perches
\nen longueur, & autant en largeur. \u00bb<\/p>\n
L’imposition est libell\u00e9e dans la monnaie de l’\u00e9poque, en livres, sous (sols) et deniers. Il faut
\nsols pour faire une livre et 12 deniers pour faire un sol. Outre les indigents exempt\u00e9s,
\nne large fraction de la population ne paye qu’entre 10 sols et 2 livres. On peut visiblement
\nconsid\u00e9rer qu’\u00e0 partir de 10 livres de taille, on a affaire \u00e0 quelqu’un qui n’\u00e9tait pas dans la
\nauvret\u00e9. Autour de 40 \u00e0 50 livres environ, on est d\u00e9j\u00e0 dans la cat\u00e9gorie des \u00ab gros \u00bb
\nontribuables de la paroisses. Ceux qui payent 100 livres et plus sont la toute petite
\nexception.<\/p>\n
Naturellement, c’est la mise en perspective de ce travail avec d’autres sources qui en fera
\nl’utilit\u00e9. Pour Saint-Valery en Caux, je pense notamment au d\u00e9pouillement syst\u00e9matique des
\napt\u00eames et s\u00e9pultures r\u00e9alis\u00e9 par Monsieur Kl\u00e9ber Orange. La destruction de la plupart des
\nources directes d’histoire locale en 1940 impose, en effet, des recoupements indispensables
\naux g\u00e9n\u00e9alogistes comme aux historiens des familles qui s’int\u00e9ressent \u00e0 ce petit port. Les
\negistres paroissiaux disponibles aujourd’hui ne commen\u00e7ant par ailleurs qu’en 1693, l’examen
\nu r\u00f4le de taille peut s’av\u00e9rer un compl\u00e9ment int\u00e9ressant.<\/p>\n
Plus largement, en ayant d\u00e9j\u00e0 r\u00e9alis\u00e9 des d\u00e9pouillements analogues de r\u00f4les de taille de plus
\n‘une vingtaine de paroisses de l’arri\u00e8re-pays cauchois, je constate que nous pouvons avoir
\ngalement l\u00e0 un instrument utile \u00e0 tous ceux, chercheurs et m\u00eame \u00e9tudiants, qui s’int\u00e9ressent
\nla structuration sociale et au mode de vie de cette \u00e9poque dans notre r\u00e9gion<\/p>\n
Paris, le 20 avril 2002,<\/p>\n
Dominique Losay<\/p>\n
– A – Organisation administrative<\/p>\n
La taille est l’un des diff\u00e9rents imp\u00f4ts directs de l’ancien r\u00e9gime. On peut y rajouter le
\ningti\u00e8me, le d\u00eeme, la capitation. La gabelle sur le sel qui devrait \u00eatre un imp\u00f4t indirect est, de
\nait, \u00e9galement un imp\u00f4t direct.<\/p>\n
L’origine du mot \u00ab taille \u00bb n’est pas clairement \u00e9tablie, m\u00eame si la plupart du temps on le fait
\nriver de l’entaille que comptables et commer\u00e7ants faisaient sur une r\u00e8gle de bois ou un
\nton pour prendre note du paiement effectu\u00e9 par leurs clients.<\/p>\n
La taille est per\u00e7ue par foyer fiscal en fonction de l’appr\u00e9ciation des revenus du contribuable
\nite par les collecteurs de chaque paroisse. Cet imp\u00f4t est presque g\u00e9n\u00e9ralis\u00e9 sur l ‘ensemble
\nu territoire (sauf en Bretagne), \u00e0 l’exception de quelques villes franches de taille qui
\nompensaient en g\u00e9n\u00e9ral ce manque \u00e0 gagner pour le tr\u00e9sor par un imp\u00f4t indirect.<\/p>\n
Parmi les grandes villes de Haute Normandie franches de taille, citons :<\/p>\n
– Rouen et ses environs (29 paroisses en 1683)<\/p>\n
– Dieppe : par lettres patentes de 1463, le roi s’\u00e9tait engag\u00e9 \u00e0 n’y jamais lever \u00ab tailles,
\nmpositions, gabelles, quatriesmes et autres subsides quelconques \u00bb<\/p>\n
– Le Havre : exempt d\u00e8s sa fondation pour favoriser son d\u00e9veloppement
\nCependant, ces trois villes \u00e9taient en contrepartie soumises \u00e0 des taxes dites
\nextraordinaires \u00bb qui furent soit directes, soit indirectes (\u00ab octroi \u00bb ou \u00ab tarif \u00bb). Seul Yvet\u00f4t
\ne payait rien !<\/p>\n
Comme cas le plus curieux de privil\u00e8ge fiscal, citons en effet la \u00ab principaut\u00e9 \u00bb d’Yvet\u00f4t qui
\nst exempte de taille, en fonction de privil\u00e8ges consacr\u00e9s en 1450 : \u00ab toutes lois qu’il a pleu
\nroy nostre seigneur imposer aucune ayde ou taille en son royaume, seigneurie ou
\nterritoire, ils n’ont jamais eu aucun cours en icelle terre et seigneurie d’Yvetot, mais en a
\ntoujours est\u00e9 exempte \u00bb. Au XVII\u00b0 si\u00e8cle, cette principaut\u00e9 se r\u00e9sume aux seuls villages
\n‘Yvet\u00f4t lui-m\u00eame, de Saint Clair sur les monts et Sainte Marie des Champs.<\/p>\n
Au contraire de ce que nous connaissons \u00e0 notre \u00e9poque, il n’y avait pas d’incertitude fiscale
\nniveau de l’Etat, avec son lot de mauvaises surprises, comme de \u00ab cagnottes \u00bb. Avec la
\ntaille, en effet, le montant de l’imp\u00f4t n’est pas remontant , c’est \u00e0 dire le produit d’un niveau de
\nession fiscale appliqu\u00e9 \u00e0 chaque contribuable.<\/p>\n
La pression fiscale est \u00ab descendante \u00bb : Le Roi fixe en son conseil, chaque ann\u00e9e, le \u00ab brevet
\ne taille \u00bb, c’est \u00e0 dire le montant global de celle-ci au plan national. La taille est ensuite
\n\u00e9partie entre les G\u00e9n\u00e9ralit\u00e9s, c’est \u00e0 dire les Provinces. Puis, elle est \u00e0 nouveau subdivis\u00e9e
\nntre les Elections (\u00e9chelon administratif que nous pourrions rapprocher de nos
\nrrondissements), puis entre les paroisses. Enfin, les contr\u00f4leurs de la taille r\u00e9partissent cet
\np\u00f4t entre les contribuables.<\/p>\n
En 1450, existent 4 G\u00e9n\u00e9ralit\u00e9s dans le royaume, dont une est la Normandie.
\nEn 1542, La Normandie est divis\u00e9e en deux G\u00e9n\u00e9ralit\u00e9s : Haute-Normandie (Rouen) et Basse-
\normandie (Caen).<\/p>\n
En 1636 est cr\u00e9\u00e9e la G\u00e9n\u00e9ralit\u00e9 d’Alen\u00e7on.
\nEn 1661, existent ainsi dans le royaume 18 G\u00e9n\u00e9ralit\u00e9s dont 3 en Normandie.<\/p>\n
Nous avons donc l\u00e0 une g\u00e9ographie administrative de la Normandie, qui ne se superpose pas
\nactement avec le ressort du Parlement de Rouen et de la chambre des comptes, pas plus
\nd’ailleurs qu’avec la supr\u00e9matie religieuse des \u00e9v\u00each\u00e9s concern\u00e9s.
\nComme nous l’avons vu, les G\u00e9n\u00e9ralit\u00e9s sont divis\u00e9es en \u00ab Elections \u00bb. En 1636, le d\u00e9coupage
\nst le suivant :<\/p>\n
– La G\u00e9n\u00e9ralit\u00e9 de Rouen regroupe les Elections de :
\nAndely, Arques, Caudebec, Chaumont et Magny (en Vexin), Evreux, Gisors, Lyons,
\nMontivilliers, Neufchatel, Pont Audemer, Pont de l’Arche, Pont l’Ev\u00eaque, Rouen.
\nSoit 13 \u00e9lections comprenant 1893 paroisses
\n– La G\u00e9n\u00e9ralit\u00e9 de Caen regroupe les Elections de :
\nAvranches, Bayeux, Caen, Carentan, Coutances, Mortain, Valognes, Vire et Cond\u00e9
\noit 8 \u00e9lections comprenant 1223 paroisses
\n– La G\u00e9n\u00e9ralit\u00e9 d’Alen\u00e7on regroupe les \u00e9lections de :
\nAlen\u00e7on, Argentan, Bernay, Conches, Domfront, Falaise, Lisieux, Mortagne, Verneuil
\noit 9 \u00e9lections comprenant 1321 paroisses
\nB – Qui paye la taille ?<\/p>\n
La taille est un imp\u00f4t direct dont l’unit\u00e9 est le feu et non pas chaque individu. En sont exempts
\ns nobles, le clerg\u00e9 et les titulaires de certains offices.<\/p>\n
L’unit\u00e9 imposable est donc le feu, dont la d\u00e9finition semble \u00e0 peu pr\u00e8s claire et homog\u00e8ne
\nour cette \u00e9poque. Si \u00e9tymologiquement le feu se rapporte \u00e0 l’\u00e2tre et qu’il y a peut \u00eatre eu
\nquivalence entre nombre de feux et nombre de maisons, tel n’est pas le cas au XVII\u00b0 si\u00e8cle.<\/p>\n
Le feu est bien plut\u00f4t l’\u00e9quivalent du foyer fiscal d’aujourd’hui. Ainsi, dans une ville, une
\nison, a fortiori divis\u00e9e en appartements, comprend plusieurs feux. Le feu d\u00e9signe donc la
\nmille, c’est \u00e0 dire \u00ab le p\u00e8re, la m\u00e8re ou celui des deux qui survit \u00e0 l’autre, et les enfants
\nivant avec eux \u00bb.<\/p>\n
Un feu comprend un m\u00e9nage, mais seul le chef de famille est inscrit sur le r\u00f4le et taillable. Sa
\nmme, ses enfants, ses serviteurs vivant sous son toit n’y figurent pas.<\/p>\n
Cette pr\u00e9cision renvoie \u00e0 la question de l’exemption de la noblesse. Les terres appartenant \u00e0
\nne famille noble et tenues en fermage par un laboureur roturier g\u00e9n\u00e9reront une taille pour ce
\nrnier. Les m\u00eames terres exploit\u00e9es par un \u00ab serviteur \u00bb de la famille noble seront exon\u00e9r\u00e9es.
\nn trouve dans cette situation une clef de compr\u00e9hension d’arrangements contractuels qui ont
\nu permettre des contournements fiscaux. De m\u00eame, l’usurpation de noblesse, sport fort pris\u00e9
\nla bourgeoisie du temps, trouve, outre le prestige, une explication \u00ab sonnante et
\ntr\u00e9buchante \u00bb dans l’exemption fiscale.<\/p>\n
L’exemption des eccl\u00e9siastiques est th\u00e9oriquement plafonn\u00e9e. Ce niveau de plafond a
\nependant constamment \u00e9t\u00e9 modifi\u00e9. De m\u00eame, le revenu des dixmes eccl\u00e9siastiques n’\u00e9taient
\nas directement taillable ; mais s’il \u00e9tait afferm\u00e9 \u00e0 des la\u00efques, ceux-ci \u00e9taient impos\u00e9s sur le
\nrofit qu’ils en tiraient. Par ailleurs, le clerg\u00e9, comme les nobles, a tr\u00e8s souvent argument\u00e9 en
\naveur de l’exemption de la taille pour ceux qui exploitaient ses terres, devant, selon lui, \u00eatre
\nonsid\u00e9r\u00e9 comme \u00ab serviteurs \u00bb. Cependant, pour la p\u00e9riode qui nous concerne, il semble que
\n‘exemption des pr\u00eatres ne valait que pour les biens qu’ils faisaient valoir dans une seule
\naroisse. C’est s\u00fbrement pour cela que l’on trouve, par exemple, un pr\u00eatre impos\u00e9 sur le r\u00f4le
\ne taille de Greuville en 1696.<\/p>\n
Sont donc impos\u00e9s les chefs de famille, \u00e0 partir de leur majorit\u00e9. En Normandie, \u00e0 cette
\npoque, la majorit\u00e9 \u00ab fiscale \u00bb est fix\u00e9e \u00e0 vingt ans. Sont \u00e9galement imposables les mineurs
\nari\u00e9s.<\/p>\n
Les femmes ne sont pas imposables tant qu’elles sont sous la responsabilit\u00e9 de leur p\u00e8re ou
\n‘elles sont mari\u00e9es. De ce fait, les veuves sont consid\u00e9r\u00e9es comme chef de famille et sont
\nmposables. Elles apparaissent dans l’immense majorit\u00e9 des cas sous le nom de leur mari \u00ab la
\neuve de Nicolas Paulmier \u00bb et pas sous leur nom patronymique. C’est cependant le cas de
\nquelques femmes, majeures, qui soit c\u00e9libataires soit s\u00e9par\u00e9es de biens exercent une activit\u00e9
\nropre.<\/p>\n
Il n’y a pas de retraite pour la taille. On est inscrit sur le r\u00f4le de taille jusqu’\u00e0 son d\u00e9c\u00e8s, quitte
\nne plus \u00eatre imposable. Sous la rubrique \u00ab pauvres et invalides \u00bb, figurent en effet les chefs
\ne famille (dont beaucoup de veuves) qui sont exempt\u00e9es pour cette raison.<\/p>\n
La question des \u00ab serviteurs \u00bb est la plus d\u00e9licate \u00e0 r\u00e9gler. Si ceux qui vivent sous le m\u00eame
\noit, autour du m\u00eame feu que leur ma\u00eetre sont r\u00e9put\u00e9s appartenir \u00e0 ce feu et donc ne pas \u00eatre
\naillable en propre, tout le personnel de ferme majeur est taillable. En r\u00e8gle g\u00e9n\u00e9ral, son mode
\n‘habitation, m\u00eame modeste, est d\u00e9sign\u00e9 , par exemple \u00ab occupe une chambre \u00bb, \u00ab occupe un
\nour \u00bb (le b\u00e2timent agricole non adjacent au corps principal de b\u00e2timent dans lequel se
\nouvait le four \u00e0 pain). C’est ainsi que l’on trouve dans les taillables des batteurs en grange,
\nes valets de charrue etc On trouve m\u00eame dans d’autres paroisses des \u00ab taillables \u00bb
\nxplicitement d\u00e9sign\u00e9s comme \u00ab serviteurs domestiques \u00bb.<\/p>\n
L’int\u00e9gration des serviteurs dans la taille du ma\u00eetre doit donc \u00eatre plut\u00f4t comprise de mani\u00e8re
\nestrictive. En fait, la quasi totalit\u00e9 de la population non exempt\u00e9e de droit semble bien \u00eatre
\nmpos\u00e9e.<\/p>\n
– A – Patronymes<\/p>\n
Les patronymes pr\u00e9sents dans la paroisse sont relativement nombreux et diss\u00e9min\u00e9s.
\naturellement, des familles de notables existent et elles sont bien connues des historiens
\nlocaux ; elles figurent dans toutes les \u00e9tudes et monographies. On y trouve notamment les
\nasse, les Fauconnet, les Le Corbeiller, les Le Seigneur<\/p>\n
Cependant, malgr\u00e9 l’endogamie sociale \u00e9vidente et le fait qu’\u00e0 cette \u00e9poque les familles
\nourgeoises avaient fr\u00e9quemment de tr\u00e8s nombreux enfants, ces familles ne sont pas sur-
\nminantes au point de limiter le nombre de patronymes repr\u00e9sent\u00e9s. Au contraire, ceux-ci
\nnt tr\u00e8s vari\u00e9s, parfois repr\u00e9sent\u00e9s par un seul feu.<\/p>\n
Aucun patronyme \u00e9videmment \u00ab horsain \u00bb (\u00e9tranger en provenance d’une autre r\u00e9gion ou d’un
\nutre pays, Flamand, Anglais par exemple) n’appara\u00eet de prime abord, m\u00eame dans ceux tr\u00e8s
\naiblement repr\u00e9sent\u00e9s. Saint-Valery est un port de p\u00eache, qui plus est de petit m\u00e9tier. On n’y
\nrouve pas le brassage de population qui peut exister \u00e0 Dieppe ou \u00e0 F\u00e9camp.<\/p>\n
Les patronymes repr\u00e9sent\u00e9s par 10 feux ou plus :
\nBachelet, Billard, Becquet, Brasdefer, Fro, Fauconnet, Lef\u00e8vre, Maupas, Mulotin, Petit,
\naulmier.<\/p>\n
Les patronymes repr\u00e9sent\u00e9s par 7, 8 ou 9 feux :
\nAngo, Anquetil, Burette, Fanouill\u00e8re, Fouques, (Le) Hot, Lachelier, Lebreton, Lemaistre,
\nemarchand, Leroux \/ Lerouge, Monnet \/ Monnier, Ridel, Vasse.<\/p>\n
Les patronymes repr\u00e9sent\u00e9s par 5 ou 6 feux :
\nAuger, Barre, Benoist, Bernage, Boucoult, Burel, Cauchel, Carpentier, (Le) Corbeiller,
\nDuboscq, Dupuis, Gainville, Granier, Hanot, Ladir\u00e9, Lejeune, Leseigneur, Masurier, Poisson,
\nruquetil.<\/p>\n
– B – Les pr\u00e9noms<\/p>\n
Les pr\u00e9noms refl\u00e8tent, moins hier qu’ aujourd’hui naturellement, une certaine \u00ab mode \u00bb. La
\nriode est encore \u00e0 la plus grande simplicit\u00e9 avec l’usage d’un seul pr\u00e9nom, le plus souvent
\nroduit d’une d\u00e9dicace \u00e0 un \u00ab grand \u00bb saint.<\/p>\n
Ce n’est que plus tard que viendront les pr\u00e9noms compos\u00e9s. On ne trouve ainsi dans ce r\u00f4le de
\naille qu’un seul Jean Baptiste !, pourtant assur\u00e9ment le premier pr\u00e9nom compos\u00e9 \u00e0 \u00eatre
\nouramment employ\u00e9, en tout cas pour les gar\u00e7ons. Pour les filles, malgr\u00e9 la graphie tr\u00e8s
\nr\u00e9quente de \u00ab Marianne \u00bb, il semble bien qu’on ait voulu honorer les deux saintes.<\/p>\n
Naturellement ici, compte-tenu de la nature m\u00eame de la taille, on ne prend en compte que les
\nr\u00e9noms masculins, m\u00eame si quelques tr\u00e8s rares femmes sont impos\u00e9es sous leur propre
\nr\u00e9nom et patronyme. Les individus taillables \u00e9tant au moins \u00e2g\u00e9s de vingt ans et les veuves
\ntant d\u00e9sign\u00e9es par le pr\u00e9nom de leur mari, nous avons donc l\u00e0 une physionomie assez
\nemarquable des pr\u00e9noms accord\u00e9s aux enfants m\u00e2les \u00e0 Saint-Valery pendant les deux
\nremiers tiers du XVII\u00b0 si\u00e8cle. Si on ajoute \u00e0 cela, qu’usuellement les enfants baptis\u00e9s
\necevaient le pr\u00e9nom de leur parrain, on peut m\u00eame extrapoler une quasi certitude sur la
\nemi\u00e8re moiti\u00e9 du XVII\u00b0 si\u00e8cle et une approximation sur la fin du XVI\u00b0 si\u00e8cle.<\/p>\n
On peut particuli\u00e8rement remarquer la tr\u00e8s grande faiblesse de pr\u00e9noms d\u00e9j\u00e0 d\u00e9suets \u00e0 cette
\npoque. On trouve trois Emard, deux Isambard, un Raulin et un Valfran. Tout les autres sont
\ndes pr\u00e9noms tr\u00e8s classiques.<\/p>\n
De m\u00eame, on ne trouve absolument aucun trace de pr\u00e9nom \u00ab bibliques \u00bb au travers desquels
\nrep\u00e8re fr\u00e9quemment une famille protestante ou \u00ab nouvelle catholique \u00bb comme on disait \u00e0
\n‘\u00e9poque, c’est \u00e0 dire ayant abjur\u00e9 la R\u00e9forme r\u00e9cemment, le plus souvent aux alentours de
\n‘abrogation de l’Edit de Nantes (1685). Ici pas un seul Abraham, Isaac, , comme on en
\ntrouve si souvent \u00e0 la m\u00eame \u00e9poque dans le \u00ab Huguenot-land \u00bb de l’arri\u00e8re pays dieppois, \u00e0
\nuneray, Avremesnil, Bacqueville, St Pierre le Viger, etc<\/p>\n
Les d\u00e9dicaces \u00e0 St Valery existent mais ne sont pas significativement nombreuses. Les
\n\u00e9noms qui dominent sont donc naturellement Jean et Pierre. Nicolas se confirme comme
\nxtr\u00eamement populaire.<\/p>\n
Suit ensuite un groupe de trois pr\u00e9noms, Jacques, Guillaume et Adrien. On peut surtout
\n‘\u00e9tonner de la place du tr\u00e8s classique Jacques seulement derri\u00e8re Nicolas. Guillaume est un
\nr\u00e9nom qui p\u00e9riclitera ult\u00e9rieurement. Sa popularit\u00e9, m\u00eame dans les couches les plus
\nodestes est-elle encore li\u00e9e au souvenir du duc Guillaume ? Adrian est extr\u00eamement
\npulaire, du fait de sa r\u00e9putation de saint gu\u00e9risseur, notamment des \u00e9pid\u00e9mies de peste.<\/p>\n
Ces six pr\u00e9noms repr\u00e9sentent \u00e0 eux seuls 72 % de la population. On peut constater enfin le
\neu de succ\u00e8s de repr\u00e9sentation des pr\u00e9noms Louis et Henri, ceux des rois de France.<\/p>\n
– C – Les surnoms<\/p>\n
Sur les 903 chefs de famille, 35 sont identifi\u00e9s non seulement par leur nom et pr\u00e9nom mais
\nalement par un surnom. Il est possible que j’ai sous-estim\u00e9 ce nombre, ne conservant que les
\nurnoms explicitement d\u00e9sign\u00e9s comme tel, \u00ab dit \u00bb.<\/p>\n
Dans un certain nombre de cas, comme on peut le constater dans la liste alphab\u00e9tique, le chef
\ne famille est \u00e9galement d\u00e9sign\u00e9 en rapport avec son beau-p\u00e8re, \u00ab gendre de \u00bb. Parmi ceux-
\ni, il n’est pas toujours loisible de distinguer entre un nom et un surnom. Dans l’incertitude,
\nj’ai consid\u00e9r\u00e9 qu’il fallait mieux ne pas consid\u00e9rer qu’il s’agissait d’un surnom.<\/p>\n
Cette proportion de surnoms est tr\u00e8s particuli\u00e8re. On n’en trouve aucune trace \u00e9quivalente
\nans les r\u00f4les de taille de la m\u00eame p\u00e9riode des villages de l’arri\u00e8re pays. Dans l’\u00e9tat actuel des
\nhoses, il n’est cependant pas possible de discerner avec certitude, s’il s’agissait l\u00e0 d’une
\nratique commune \u00e0 toute la r\u00e9gion, mais seulement retranscrite par le greffier de Saint-
\nlery, ou s’il s’agissait d’une sp\u00e9cificit\u00e9, li\u00e9e par exemple \u00e0 la pr\u00e9dominance du milieu de la
\n\u00eache, hypoth\u00e8se vers laquelle nous penchons.<\/p>\n
Malheureusement, pour un grand nombre des porteurs de surnoms, la mention de la
\nprofession n’est pas faite. Cependant, il est clair qu’il s’agit essentiellement de m\u00e9nages
\nodestes, o\u00f9 les mariniers et leurs enfants dominent. Parmi les notables, on notera la seule
\nxception de \u00ab la veuve de Guillaume Fauconnet, dite la gentille \u00bb.<\/p>\n
La plupart des surnoms sont des sobriquets descriptifs, sans qu’il soit possible de d\u00e9terminer
\n‘ils visent directement l’individu concern\u00e9. Le caract\u00e8re h\u00e9r\u00e9ditaire de certains d’entre eux est,
\nn effet, manifeste. Pour d’autres, le qualificatif est plus abscons.<\/p>\n
Voici la liste des porteurs de surnoms :<\/p>\n
La veuve de Guillaume Anquetil dit B\u00fce
\na veuve d’Adrian Bachelet dit Mon Bon Dieu
\nFran\u00e7ois Bachelet dit l’arbalestre
\nierre B\u00e9nard dit couvret
\nacques Benoist, dit vieil bled
\nPierre Billard, marinier, dit le Bulot
\nLaurens Bunel, dit Leverd
\nJean Cavelan dit L’anguille
\nJacques Dubosc dit Mo\u00efse
\na veuve de Jean Dubosc dit Mo\u00efse
\nean Duteurtre, tailleur, dit Adam
\nPierre Duval, dit la Pierre
\nLa veuve de Guillaume Fauconnet dite la gentille
\nJacques Fouques, pauvre, dit le Rompu
\nJean H\u00e9bert, valet, dit gros os
\nacques Huin, dit mal au ventre
\nNicolas Jourel, dit mon Fleury
\nJean Ladir\u00e9 dit brelette
\na veuve d’Adrian Ledun dit Suer
\nNicolas Lef\u00e8vre, marinier, dit La Coppe
\nierre Lef\u00e8vre, valet de munier, dit Rosine
\nicolas Legros dit Patin
\nLa veuve de Jean Lejeune dit Biset
\nLa veuve de Guillaume Lemaistre dit Cahoirt
\nLa veuve de Jean Lemaistre dit Legros
\nGuillaume Lemarchand, marinier, dit moutaillant
\nNicolas Lemarchand, dit moutaillant
\nPierre Leteurtre, ma\u00e7on dit La Foy
\nierre Leteurtre fils, tellier, dit La Foy
\nJean Maurice, marinier, dit basset
\nLa veuve de Michel Paumier, dit Alargent
\nAdrian Petit, marinier, dit nacheu
\nFran\u00e7ois Petit, marinier, dit nacheu
\nean Petit dit Mon Gros
\nJacques V\u00e9ret dit Gaillard<\/p>\n
Nota :<\/p>\n
Basset : homme de tr\u00e8s petite taille
\nacheu : bougon en patois normand
\nMoutaille : autre nom de la loche de rivi\u00e8re (poisson). Est ce que \u00ab moutaillant \u00bb en d\u00e9rive ?<\/p>\n
On commencera ici par remarquer avec int\u00e9r\u00eat la grande vari\u00e9t\u00e9 des professions exerc\u00e9es, qui
\nous permet imm\u00e9diatement d’avoir une vue d’ensemble de l’activit\u00e9 du bourg et port de
\nint-Valery. On recense, en effet, pas moins de 55 professions cit\u00e9es .<\/p>\n
On commencera par une liste alphab\u00e9tique de d\u00e9finitions de m\u00e9tiers plus ou moins anciens ou
\nans le sens est peu connu ou a pu \u00e9voluer. Parmi ceux-ci le plus remarquable pour l’activit\u00e9
\nti\u00e8re qui nous concerne est celui de marinier, per\u00e7u aujourd’hui comme d\u00e9signant
\np\u00e9cifiquement la batellerie fluviale.<\/p>\n
Or, \u00e0 l’\u00e9poque, et ceci est encore corrobor\u00e9 par le Littr\u00e9, le terme marinier est strictement
\nynonyme de marin.<\/p>\n
On regroupera ensuite, autant que faire se peut les professions relev\u00e9es par groupes d’activit\u00e9,
\nchant par exemple que la distinction entre une profession plut\u00f4t artisanale et une autre
\nlut\u00f4t commerciale n’est pas ais\u00e9e. C’est ainsi, que c’est avec le plus grand arbitraire que nous
\nons plac\u00e9s les telliers (toiliers) r\u00e9put\u00e9s confectionner des toiles dans le groupe des artisans .
\nans le m\u00eame temps, nous avons class\u00e9s les tailleurs d’habits qui les fabriquent pourtant
\nns le groupe des commer\u00e7ants.<\/p>\n
Les d\u00e9finitions qui suivent sont tir\u00e9es, pour l’essentiel, des dictionnaires Fureti\u00e8re (1690, de
\n‘Acad\u00e9mie fran\u00e7aise (1762) ou du Littr\u00e9 (source : atelier historique de la langue fran\u00e7aise).
\nes mentions entre parenth\u00e8ses et en italique sont des commentaires de mon cr\u00fb.<\/p>\n
– A – D\u00e9finitions<\/p>\n
BASTIER :<\/p>\n
Ouvrier qui fait & qui vend des basts de mulets & d’autres bestes de somme. (mais aussi
\ndes brides, des harnais, des selles )<\/p>\n
CARBONNIER : charbonnier<\/p>\n
CHASSE-MAR\u00c9E :
\nLe voiturier qui apporte la mar\u00e9e. Cheval de chasse-mar\u00e9e.
\narchand sp\u00e9cialis\u00e9 dans le transport des poissons et leur vente sur les march\u00e9s. Il
\nmprunte des chemins eux aussi appel\u00e9s chasse-mar\u00e9e de m\u00eame que sa voiture elle-
\n\u00eame)<\/p>\n
CLOCHETEUR :<\/p>\n
Anciennement, homme qui pr\u00e9c\u00e9dait les convois fun\u00e8bres tenant \u00e0 la main une clochette
\nu’il faisait sonner de temps en temps. Le clocheteur des tr\u00e9pass\u00e9s.<\/p>\n
CLOUTIER :<\/p>\n
Ouvrier qui fait des clous.<\/p>\n
CORDIER :<\/p>\n
Celuy qui fait ou qui vend de la corde. On dit en raillerie, que les Cordiers gagnent leur
\nvie \u00e0 reculons.<\/p>\n
CORDONNIER :<\/p>\n
Ouvrier qui fait des chaussures en cuir, soit souliers, bottes ou pantoufles. Cordonniere,
\nc’est la femme d’un Cordonnier. Menage derive ce mot de cordo\u00fcanier, qui a \u00e9t\u00e9 fait de
\nordo\u00fcan, espece de cuir qui vient de Cordou\u00eb. D’autres tiennent qu’il vient de corde,
\nrce qu’autrefois on faisoit des souliers de corde.<\/p>\n
COURROYEUR :<\/p>\n
Artisan qui courroye les cuirs, qui leur donne la derni\u00e8re pr\u00e9paration pour les mettre en
\nuvre, qui les teint, qui les amollit, qui les graisse. (avant de les confier au cordonnier,
\nou bourrelier, au sellier)<\/p>\n
\u00c9PICIER :
\nCelui, celle qui vend des \u00e9piceries. Marchand \u00c9picier. Riche \u00c9picier.<\/p>\n
FROQUIER :<\/p>\n
Fabricant et vendeur de froc, c’est \u00e0 dire d’\u00e9toffe g\u00e9n\u00e9ralement de laine \u00e9paisse<\/p>\n
HOTTEUR (de harengs) :<\/p>\n
Celui ou celle qui porte la hotte. En vendanges le hotteur gagne le double des coupeurs.
\nIl y a cent hotteurs qui portent tous les jours de la terre dans son jardin.
\nOn appelle Hotteuses ou Porteuses, Les femmes qui se tiennent \u00e0 la Halle ou dans les
\nutres March\u00e9s, pour porter dans leurs hottes ce que les particuliers achettent.
\nen l’occurrence donc, vendent des harengs sans doute en saumure, qu’ils portent sur
\nleur dos dans une hotte)<\/p>\n
JARDINIER :<\/p>\n
Qui travaille \u00e0 cultiver un jardin, qui en vend les fruits & les fleurs. Il y a \u00e0 Paris un corps,
\ne maistrise de Jardiniers, des statuts de Jardiniers. le livre du Jardinier Fran\u00e7ois.<\/p>\n
MARECHAL (ferrant) :<\/p>\n
ou simplement Mareschal, est un Artisan qui ferre les chevaux, & qui les pense quand ils
\nsont malades. En Espagne ce sont deux mestiers separez : les premiers s’appellent
\nsterradares ; & les autres Alveytares. On disoit autrefois, Mareschausser les chevaux, pour
\ndire, les penser & les ferrer. On a appell\u00e9 en Latin mulomedicus, celuy qui guerissoit les
\nhevaux & le bestail.<\/p>\n
MARINIER :<\/p>\n
1\u00b0 Homme de mer pour la manoeuvre d’un vaisseau. Il faut en la plaine sal\u00e9e Avoir lutt\u00e9
\nntre Mal\u00e9e…. Pour \u00eatre cru bon marinier, MALH. III, 3.
\n2\u00b0 Abusivement.(je souligne cette indication du Littr\u00e9) Celui qui conduit un b\u00e2timent sur
\ns grandes rivi\u00e8res ; en ce sens il s’oppose \u00e0 marin. Il y a des marins dans la Manche et des
\nriniers dans la Seine.<\/p>\n
MERCIER :<\/p>\n
Marchand qui vend toutes sortes de marchandises dependantes du Corps de la Mercerie.
\nLe Corps des Marchands Merciers de Paris est le plus nombreux & le plus puissant des
\nsix Corps des Marchands. Les gros Marchands Merciers vendent toutes les belles
\nestoffes de soye, d’or & d’argent. & quelque marchandise que ce soit tant du Royaume,
\nque des pays estrangers, comme estoffes, cuirs, fourrures, tapisseries, passements, soyes,
\njouailleries, drogueries, metaux, armes, quincaillerie, dinanderie, coutellerie, & tous
\nouvrages de forge & de fonte. Les Marchands Merciers ne doivent faire aucun ouvrage
\nde la main, si ce n’est pour enjoliver les marchandises qu’ils vendent. Les Merciers en
\ndetail ne peuvent pas vendre celles qui concernent les autres Corps. Il y a aussi de menus
\nMerciers qui colportent, qui estalent de petites marchandises dans les marchez & les
\nFoires, qui ne sont pas du corps des Marchands Merciers.<\/p>\n
PASSEMENTIER :<\/p>\n
Vendeur de passements : dentelle, ouvrage qu’on fait avec les fuseaux pour servir
\nd’ornement, en l’appliquant sur des habits. On en fait d’or, d’argent, de soye & de fil. Le
\nmot de passement est presque general \u00e0 toutes sortes de dentelles. Il differe des galons,
\nvelout\u00e9s, en ce que ceux-cy se font sur le mestier des Tissutiers, comme n’\u00e9tant qu’un
\nmple tissu ; au lieu que les passements & dentelles se font sur un oreiller avec des
\nfuseaux, & en suivant les points & piqueures d’un patron.<\/p>\n
PERCHEUR :<\/p>\n
Ouvrier qui perce, cheville et gournable les vaisseaux dans toutes les parties, lorsqu’on les
\nconstruit ou qu’on les radoube<\/p>\n
POULAILLIER :<\/p>\n
est un Marchand qui m\u00e8ne des volailles au march\u00e9. On dit proverbialement, Riche
\nrchand, pauvre Poulaillier.<\/p>\n
ROUETIER.<\/p>\n
Celui qui fabrique, r\u00e9pare et vend des rouets (pour les tisserands\/telliers)
\n(Attention, malgr\u00e9 la position maritime de Saint-Valery, il ne saurait s’agir du
\nroutier \u00bb qui se dit en marine d’un Pilote exp\u00e9riment\u00e9 qui sait bien conduire un
\nisseau, reconna\u00eetre sa route, ce qui n’a de sens que dans la marine commerciale de
\nong cours et \u00e9ventuellement pour le grand m\u00e9tier. Il faut noter que les \u00ab rouetiers \u00bb sont
\nalement toujours pr\u00e9sents dans les villages de l’arri\u00e8re pays.)<\/p>\n
Scieur d’AIS :<\/p>\n
AIS. subst. masc. Piece de bois de siage longue, & peu espaisse. Ais de sapin. ais de
\nbateau. on fait des planchers, des cloisons avec des ais. On dit aussi, des ais ou feuilles
\nde carton. Ce mot vient de axis Latin, qui a \u00e9t\u00e9 pris souvent dans cette signification.
\nnage. D’autres le derivent de asser, qui signifie une piece de bois.<\/p>\n
SCIEUR de LONG :<\/p>\n
Celuy qui scie. Un Scieur de long est un homme de journ\u00e9e, qui scie des poutres pour en
\naire des ais, des solives. Des scieurs de bleds sont des Aousterons.<\/p>\n
TELLIER :<\/p>\n
Synonyme de toilier. Artisan qui confectionne des toiles. (Cette activit\u00e9 \u00e9tait
\n\u00e9quemment concomitante \u00e0 un emploi agricole)<\/p>\n
TRESSIER :<\/p>\n
Celui qui tresse les cordages<\/p>\n
– B – Groupes de m\u00e9tiers<\/p>\n
m\u00e9tiers li\u00e9s \u00e0 la mer :
\nmarinier : 119
\nchasse-mar\u00e9e : 10
\napitaine de navire : 3
\nhotteur de harengs : 2
\nsaleur de harengs : 2
\nbasset marinier : 1
\nma\u00eetre de bateau : 1
\noissonnier : 1
\npercheur : 1<\/p>\n
m\u00e9tiers de la terre :
\nbatteur (en grange) : 13
\nberger : 9
\nlaboureur : 9
\njardinier : 1<\/p>\n
forces de l’ordre :<\/p>\n
garde : 4
\nsergent : 4
\nbrigadier : 1<\/p>\n
professions lib\u00e9rales :
\nvivant de son bien : 3
\nchirurgien : 2
\ngreffier : 2
\napothicaire : 1
\navocat : 1<\/p>\n
clerg\u00e9 :
\npr\u00eatre : 17
\niacre :1<\/p>\n
commer\u00e7ants :
\nhostellier : 1
\nmarchand de dentelles : 1
\npoulailler : 1
\nteinturier : 1
\ntressier : 1
\nboulanger : 13
\nmercier : 9
\ntailleur : 8
\nboucher : 6
\ncabaretier : 3
\n\u00e9picier : 3
\nouturier : 2
\npassementier : 2
\ncarbonnier : 1
\n\u00e9crivain (public) : 1
\naisant marchandise : 1
\nfroquier : 1<\/p>\n
artisans :<\/p>\n
cordonnier : 20
\ncharpentier : 8
\ncouvreur : 8
\nrouetier : 5
\ncordier : 4
\nma\u00e7on : 4
\nar\u00e9chal : 4
\nellier : 36
\nbastier : 3
\ncharron : 2
\ncloustier : 2
\nserrurier : 2
\ncouroyer : 1
\nfaiseur de chaires : 1
\nvitrier : 1<\/p>\n
– A – Pression fiscale globale<\/p>\n
Pour l’ann\u00e9e 1696, le bourg de Saint-Valery est impos\u00e9 pour un montant global de taille de
\n00 livres. Rappelons, s’il en est besoin, que ce montant n’est pas calcul\u00e9 a posteriori en
\nonction de la pression fiscale appliqu\u00e9e \u00e0 tel niveau de revenus ou \u00e0 tel niveau de capital
\noss\u00e9d\u00e9. A l’inverse, le processus est descendant, c’est \u00e0 dire que les contr\u00f4leurs de taille ont
\nomme mission de r\u00e9partir un niveau de collecte ici ces 7400 livres d\u00e9cid\u00e9 au niveau de
\n‘Election d’Arques.<\/p>\n
Le r\u00f4le de taille faisant appara\u00eetre 903 feux, le niveau moyen de pression fiscale, pour la
\nille, est de 8,20 livres, soit 8 livres et 4 sols. Une livre comprend 20 sols. Un sou (sol)
\ncomprend 12 deniers.<\/p>\n
Si on soustrait du nombre total de feux les exempt\u00e9s de taille (nobles, clerg\u00e9 ou exempt\u00e9 pour
\nn office), soit 28 feux, il reste 875 feux imposables. Le niveau moyen d’imposition r\u00e9el sur la
\nopulation imposable est alors de 8,45 livres, soit 8 livres et 9 sols.<\/p>\n
La r\u00e9partition de population se ventile comme suit :<\/p>\n
– non imposables (pauvres, invalides) : 94 feux<\/p>\n
– impos\u00e9s entre 0 et 2 livres inclus : 167 feux
\n– impos\u00e9s entre > 2 livres et 5 livres : 239 feux
\n– impos\u00e9s entre > 5 livres et 10 livres : 146 feux
\n– impos\u00e9s entre > 10 livres et 20 livres : 118 feux
\n– impos\u00e9s entre > 20 livres et 30 livres : 52 feux
\n– impos\u00e9s entre > 30 livres et 40 livres : 24 feux
\n– impos\u00e9s entre > 40 livres et 50 livres : 11 feux
\n– impos\u00e9s entre > 50 livres et 60 : 6 feux
\n– impos\u00e9s entre > 60 livres et 70 livres : 4 feux
\n– impos\u00e9s entre > 70 livres et 100 livres : 4 feux
\n– impos\u00e9s > 100 livres : 3 feux
\n– exempt\u00e9s : 28 feux<\/p>\n
Attention, 18 des 28 feux exempt\u00e9s sont des \u00ab monom\u00e9nages \u00bb puisque membres du clerg\u00e9.
\ne calcul de la population totale exempt\u00e9e ne peut donc se faire en multipliant le nombre de
\nes feux par 4.<\/p>\n
– B – La bourgeoisie locale<\/p>\n
Ce qui constitue la cat\u00e9gorie des notables se r\u00e9partit naturellement entre les exempt\u00e9s et les
\nros contributeurs de taille. Parmi les exempt\u00e9s, il faut faire une place particuli\u00e8re au clerg\u00e9
\nont la composition est tr\u00e8s disparate et ne peut, en bloc, \u00eatre assimil\u00e9e \u00e0 la bourgeoisie
\nocale, m\u00eame si on y trouve un repr\u00e9sentant de la famille Crotteaux et deux de la famille
\nuconnet.<\/p>\n
Outre les 18 pr\u00eatres et diacre, on trouve parmi les exempt\u00e9s 3 gardes et un brigadier, le
\nceveur de la consommation et trois repr\u00e9sentants de familles de notables :<\/p>\n
Pierre Le Corbeiller, greffier au magasin \u00e0 sel, dont nombre de descendants occuperont des
\nonctions importantes \u00e0 Saint-Valery et surtout \u00e0 Dieppe.<\/p>\n
Fran\u00e7ois Vasse, conseiller du Roy, conseiller des guerres<\/p>\n
Nicolas Vasse, fr\u00e8re du pr\u00e9c\u00e9dent, conseiller du Roy, maire de Saint-Valery.<\/p>\n
Seuls 11 feux payent plus de 60 livres de taille dont un seul plus de 200 livres :<\/p>\n
Jacques Angot et son fils ont deux maisons et 10 acres de terre, impos\u00e9s 66 livres et 10 sols
\nAdrian Cotterel a une maison, impos\u00e9 75 livres
\nJean Cotterel, laboureur, tient \u00e0 ferme 45 acres de terre, impos\u00e9 109 livres
\nMichel Crotteaux, munier, a une maison, impos\u00e9 62 livres 6 sols
\nJacques Delatre occupe une maison et 50 acres de terre qu’il tient du sieur Vasse et 9 qu’il
\ntient des p\u00e8res p\u00e9nitents, impos\u00e9 100 livres
\nJacques Fanouill\u00e8re et son fils tiennent \u00e0 ferme 50 acres de terre, ont troupeau, vache et
\narrue, impos\u00e9s 80 livres
\nCatherine Lemaistre, veuve de Guillaume Fauconnet, et ses deux fils, ont 60 acres de terre,
\nimpos\u00e9s 125 livres
\nLa veuve de Jean Leseigneur et son fils Nicolas et autre fils, tiennent deux fermes l’une de 80
\nacres, l’autre de 70, ont troupeau, vache, charrue, impos\u00e9s 250 livres 5 sols
\nJoseph Petitseigneur a une maison et 100 livres de rente, impos\u00e9 63 livres
\nVivien Pimont, capitaine de navire, a deux maisons, impos\u00e9 63 livres
\nNicolas Vasse, fils de Jean, marchand de dentelle, impos\u00e9 100 livres<\/p>\n
Avec les exempt\u00e9s non pr\u00eatres, nous avons ici les familles les plus notables ou \u00e0 tout le moins
\n\u00e9put\u00e9es les plus fortun\u00e9es de Saint-Valery.<\/p>\n
Remarquons la place importante qui occupe la famille Vasse, avec Nicolas, le maire, Fran\u00e7ois,
\nonseiller des guerres, tous deux exempt\u00e9s et Nicolas, fils de Jean, impos\u00e9 100 livres. Pour
\nmpl\u00e9ter ce tableau, il convient d’y ajouter Jean Vasse, capitaine de navire et greffier des r\u00f4les de
\ntaille, fr\u00e8re de Nicolas et Fran\u00e7ois, impos\u00e9 31 livres 10 sols. En revanche, sa charge de greffier
\nes r\u00f4les lui permet de toucher 6 deniers par livre de taille collect\u00e9e dans la ville. Le montant total
\nla taille pour St Valery \u00e9tant de 7400 livres, Jean Vasse \u00ab gagne \u00bb 185 livres (il y a 20 sols dans
\nne livre, 12 deniers dans un sol) par an comme greffier.<\/p>\n
Joseph Petitseigneur succ\u00e9dera \u00e0 Nicolas Vasse comme maire de Saint-Valery, apr\u00e8s le d\u00e9c\u00e8s de
\nelui-ci en d\u00e9cembre 1698. Lui m\u00eame d\u00e9c\u00e9dera en 1710 et la charge de maire restera vacante
\nusqu’en 1715. Notons que Thomas Petitseigneur que sa qualit\u00e9 de saleur de poissons pourrait
\naisser prendre pour un citoyen modeste \u00ab tient pour 280 livres de dixmes \u00bb et est impos\u00e9 58 livres 3
\nols 6 deniers.<\/p>\n
Dans notre cat\u00e9gorie, seul Vivien Pimont, capitaine de navire, a une activit\u00e9 directement li\u00e9e \u00e0 la
\ner. Dans un port comme ailleurs, c’est la possession ou l’exploitation de la terre qui fait le gros
\ncontribuables. C’est son activit\u00e9 agricole qui fait de la veuve de Guillaume Fauconnet le plus gros
\nontribuable du bourg. Qu’ils soient explicitement qualifi\u00e9s de laboureurs ou non, Jacques Delattre,
\nean Cotterel, Jacques Fanouill\u00e8re, et la veuve de Jean Leseigneur exploitent bien la terre et ont des
\nurfaces relativement importantes pour la r\u00e9gion.<\/p>\n
– C – Situation des groupes professionnels<\/p>\n
On trouvera ci dessous les extr\u00eames d’imposition pour un m\u00eame groupe professionnel :<\/p>\n
Batteurs (en grange) : Le niveau d’imposition va de 1 livre \u00e0 16 livres
\nBergers : de 0 \u00e0 12 livres 7 sols, mais avec une forte concentration autour de 4 livres
\nBouchers : de 5 \u00e0 42 livres
\nBoulangers : de 12 sols \u00e0 37 livres 5 sols 6 deniers
\nCapitaines de navires : ils ne sont que 3 et payent respectivement 30 livres 9 deniers, 31 livres
\n10 sols, et 63 livres<\/p>\n
Charpentiers : de 2 livres \u00e0 14 livres 2 sols 6 deniers
\nChasse-mar\u00e9es : de livres 5 sols \u00e0 32 livres 3 sols, mais forte concentration autour de 6 livres
\nChirurgiens : ils ne sont que 2 et payent respectivement 30 livres et 59 livres 10 sols<\/p>\n
Cordonniers : de 15 sols \u00e0 45 livres 9 sols
\nCouvreurs : de 2 livres 2 sols \u00e0 44 livres 10 sols, mais 1 seul paye moins de 10 livres
\nLaboureurs : (seuls ceux explicitement d\u00e9sign\u00e9s) de 14 livres \u00e0 109 livres (de 2 acres \u00e0 45)
\nMariniers : de 0 \u00e0 20 livres 3 sols, mais c’est la cat\u00e9gorie qui paye le moins par feu
\n\u00ab Pauvres \u00bb : ne sont pas tous non imposables ; payent de 0 \u00e0 1 livre 12 sols
\nTelliers : de 1 livre 6 sols \u00e0 10 livres 7 sols
\nTonneliers : de 1 livre 10 sols \u00e0 42 livres 16 sols
\nValets : de 1 livre 5 sols \u00e0 13 livres 15 sols<\/p>\n
La situation des veuves :<\/p>\n
Les veuves repr\u00e9sentent 258 feux sur les 903 du bourg, soit 28,5 % de ceux-ci.
\nndiscutablement, les veuves forment, \u00e0 de rares exceptions, une cat\u00e9gorie sociale
\nrticuli\u00e8rement fragile.<\/p>\n
L’exception qui confirme la r\u00e8gle est, comme nous l’avons vu, que les deux plus gros
\nontribuables (250 et 125 livres) sont des veuves !<\/p>\n
Cependant, si on reprend la m\u00eame ventilation par tranches d’imp\u00f4t que la population globale,
\nph\u00e9nom\u00e8ne est particuli\u00e8rement clair :<\/p>\n
16,2 % des veuves ne sont pas imposables, alors que ce n’est le cas que de 10% pour
\nl’ensemble de la population.<\/p>\n
Il s’agit \u00e9videmment d’un segment \u00e9conomiquement tr\u00e8s fragile, tr\u00e8s certainement en \u00e9tat de
\nauvret\u00e9 au regard, en tout cas, de standards actuels.<\/p>\n
34,8 % des veuves , contre 19 % de la population totale, payent entre 0 et 2 livres de taille.<\/p>\n
On a donc une majorit\u00e9 absolue de veuves (51%) qui sont tr\u00e8s largement en dessous du
\nveau moyen d’imposition qui, rappelons le, est l\u00e9g\u00e8rement sup\u00e9rieur \u00e0 8 livres. On voit bien
\na diff\u00e9rence, par exemple, avec la population des chefs de famille mariniers qui constituent
\nlobalement le bas de l’\u00e9chelle \u00e9conomique. Ils apportent cependant, non seulement
\nautosubsistance, mais encore des revenus modestes mais r\u00e9els..<\/p>\n
21,3 % des veuves, contre 27 % de la population globale, payent de 2 \u00e0 5 livres de taille, ce
\nui v\u00e9rifie, par la sym\u00e9trique, la proposition pr\u00e9c\u00e9dente. C’est bien dans cette cat\u00e9gorie, en
\nffet, que l’on trouve les cat\u00e9gories les moins impos\u00e9es d’hommes actifs. C’est d\u00e9j\u00e0 \u00e0 ce
\niveau tr\u00e8s bas que se croisent les proportions, c’est \u00e0 dire o\u00f9 la proportion au sein des veuves
\nevient inf\u00e9rieure \u00e0 la proportion dans la population globale.<\/p>\n
12,8 % des veuves payent entre 5 et 10 livres contre 16 % de la population globale
\n9,3 % des veuves payent entre 10 et 20 livres contre 13 % dans la population globale
\n3,8 % des veuves payent entre 20 et 30 livres contre 6 % dans la population globale
\nSeules 1,55 % des veuves payent plus de 30 livres contre 6 % dans la population globale.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"
Saint-Val\u00e9ry en Caux en 1696 Version Word A partir du r\u00f4le de la taille de 1696 (c\u00f4te ADSM : C 1910) Dominique LOSAY (avril 2002) Sommaire : Introduction L’organisation de la taille en Normandie : A – organisation administrative B … Continuer la lecture